Plongeant dès les premiers instants dans l’aventure, éternel amour des petits et grands, le Petit Vampire de Joann Sfar nous emporte à un rythme effréné dans son univers multicolore plein de malice et d’entrain.
Petit Vampire de Joann Sfar
À quoi aspire-t-on lorsque cela fait 300 ans qu’on en a 10 ? Vivre dans une maison hantée entouré d’une joyeuse bande de monstres, jouer aux pirates ou revoir pour la énième fois ce classique du cinéma d’horreur, ça perd quand même pas mal de son attrait. Ce que voudrait Petit Vampire, même s’il apprécie beaucoup sa maman vampire et son beau-père Capitaine des Morts, c’est aller à l’école pour se faire des copains. Accompagné par son chien Fantomate, il s’échappe du manoir de ses parents en cachette et se lie d’amitié avec Michel, un vrai petit garçon. C’est sans compter sur le terrible Gibbous, qui traque Petit Vampire et sa famille depuis des siècles...
Il n’est jamais simple de transposer le neuvième art à l’écran, comme l’ont prouvé nombre de tristes productions audiovisuelles du patrimoine franco-belge ces dernières années. C’est cependant un pari gagné pour Petit Vampire, l’adaptation animée de cette série déjà culte de la bande dessinée jeunesse des années 2000. Sous la patte de son auteur original Joann Sfar, le film réussit à séduire les plus jeunes par son humour irrévérencieux, tout en convoquant des thématiques et des réflexions qui ajoutent une seconde lecture à destination des plus âgés. La rencontre de l’autre, l’acceptation de soi et la relation avec ses aînés sont autant de problématiques abordées à bras-le-corps par le film, tout en les amenant à un niveau de compréhension accessible à tous par les paroles de Petit Vampire et de ses camarades de jeu. Sans avoir peur de poser les bonnes questions, Joann Sfar nous met face à tous les défis de l’enfance, et offre à son jeune protagoniste une lucidité frappante. Quand Petit Vampire assène à sa mère la réplique « Je préfère m’en prendre plein la figure plutôt que de tout oublier! », on sent toute la conviction du réalisateur dans l’idée que les traumatismes et les expériences vécues, les petits comme les grands bobos, servent à nous faire grandir, à nous construire en tant qu’être humain et adulte à part entière.
En dépassant ses cauchemars, Petit Vampire nous emporte dans un tourbillon d'aventures pleines de pirates, de zombies et de monstres aussi loufoques qu’attendrissants. Piochant allègrement dans toute l’histoire de la littérature et du cinéma d’horreur, auquel le film se plaît à faire de nombreuses références, Joann Sfar nourrit l’imaginaire des enfants comme des adultes, mêlant les mythologies avec les styles d’animation aussi aisément qu’il l’avait fait dans Le Chat du Rabbin, pour un autre univers plus adulte, mais toujours aussi unique. Nourri des influences de Miyazaki comme de celles des meilleures productions disneyiennes, Petit Vampire se veut aussi grandiose qu’attachant, aussi spectaculaire qu’ambitieux. À l’image de tout le film, la puissance de la séquence d’introduction nous immerge d’emblée dans ce qui sera le style de toute l’œuvre : un cocktail détonant de techniques multiples, de références pétillantes, et d’un humour sans tabous qui fera le bonheur des amateurs d’animation tous publics avec un petit grain de folie en plus.