Philippe Herreweghe fait partie d'un mouvement initié par Gustav Leonhardt et Nikolaus Harnoncourt au milieu des années 50 grâce auquel la musique baroque a conquis le grand public, à la fin des années 90 (réservée jusque là aux seuls spécialistes de la musique ancienne). La bande son réalisée par Jordi Savall pour Tous les matins du monde n'y est pas pour rien.
Voir Philippe Herreweghe au travail, pendant les répétitions afin de nous montrer de l'intérieur la complexité architecturale de la polyphonie que Bach met en scène tel est le pari réussi de Sandrine Willems avec Philippe Herreweghe, et le verbe s'est fait chant.
Jamais une cantate de Bach n'a été expliquée avec autant de maestria par ce pédagogue-né qu'est Herreweghe, insistant auprès de ses solistes (tant au niveau des instruments que des voix) sur chaque nuance expressive contenue dans les phrases musicales, commentant chaque intention du texte musical envisagé comme une figure rhétorique (ce que la musique était au XVIIe siècle).
Le talent de la réalisatrice consiste à articuler les différentes répétitions de manière progressive afin de nous entraîner au coeur du problème musicologique que nous pose Jean-Sebastien Bach. Comment retrouver la verve, le souffle d'un musicien qui pratique une forme que la musique romantique avec la sonate et la symphonie a rendu obsolète.
Ensuite Philippe Herreweghe, petit à petit, se dirige vers d'autres textures sonores plus contemporaine comme la Symphonie Haffner de Mozart et le Pierrot lunaire d'Arnold Shoenberg qu'Herreweghe analyse avec la même passion et le même souci analytique, la même méticulosité.
Le film de Sandrine Willems ne nous fait pas découvrir que les arcanes de la prose musicale elle nous fait découvrir un personnage attachant et peu connu.
C'est avec gourmandise que nous attendons son portrait de Paul Van Nevel.
