Cinergie.be

Pink Screens Queer Film Festival

Publié le 15/11/2015 par Fred Arends / Catégorie: Critique

Courts métrages 'Made in Belgium'

Chaque année, le festival des sexualités et genres différents s'attache entre autres à déconstruire les catégories hommes/femmes, homo/hétero, masculin/féminin. Lieu de questionnements subversifs sur les identités et les normes, le Pink Screens défend également le cinéma belge en proposant, à chaque édition, une séance de courts-métrages « Made in Belgium ». D'une grande diversité thématique et plastique, le programme 2015 propose un excitant florilège. L'humour noir et décalé s'impose joyeusement dans L'Ours noir de Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron où lors d'une randonnée, un groupe de marcheurs ahuris est confronté à un respect des règles poussé à un paroxysme absurde. Grinçant et gore. 

Le Sommeil des Amazones de Bérangère Mc Neese suit le parcours d'une adolescente en fuite qui trouve refuge auprès d'un groupe de filles. Energique et tendue, la mise en scène révèle les tensions qui naissent à l'arrivée de cette nouvelle égarée. Portée par une interprétation puissante, cette bande de filles interroge aussi les limites de l'utopie communautaire et celle du consentement.

Deux courts proposent des variations sur la masculinité et la féminité. D'une maîtrise impressionnante, Jay parmi les hommes de Zeno Graton questionne les modèles masculins et les rites virils. Fils d'ouvrier, un jeune adolescent essaie de trouver sa place et de se construire une identité d'homme. Mise en scène des gestes comme preuves de masculinité (fumer, se masturber), affrontements avec la figure du père parcourent ce récit initiatique étonnant auquel Jay donnera une issue inattendue. Boy Division de Roxanne Gaucherand est le portrait un peu maladroit mais percutant d'une fille « garçon manqué », sa relation ambiguë avec sa meilleure amie et son rapport violent avec les hommes.

Seul documentaire de la sélection, Libre Maintenant de Pierre Libaert est une étonnante incursion dans la vie de certains hommes à la vie double. Hétérosexuels au regard de la société, ils ont franchi les barrières de leurs désirs en pratiquant aussi une sexualité homosexuelle. Filmés sans fard, nus et masqués, ils évoquent leurs envies, leurs parcours, leurs fantasmes. Dérangeants et doux, ces témoignages sont rythmés par des photographies impressionnantes.

Fact de Carole Menduni se confronte à la lesbophobie, encore trop souvent peu dénoncée. Pour montrer les ravages d'une agression au motif d'homosexualité, la réalisatrice fait claquer ses scènes et pousse son récit vers l'angoisse et les ruptures. Elle cadre frontalement la violence, verbale puis physique, de la domination masculine. Le constat est déprimant. D'une toute autre noirceur, Pearl de (et avec) Juriji der Klee est un objet étrange et scintillant, transgenre comme son interprète principal, créature incandescente rappelant certaines héroïnes du muet. Sur une musique électro-pop hypnotique et une voix androgyne, des univers fantastiques et colorés sont contorsionnés, déconstruits par des images en fusion, pour donner un émerveillement délicieusement macabre.

 

Séance Made in Belgium – 18.11 – Cinéma Nova 

Tout à propos de: