Entre média d’action collective et capteur de réalités au travers d’un cinéma dit d'urgence, l’atelier ZIN TV livre un nouveau documentaire puissant avec La police tue. Un récit pluriel mêlant les témoignages de quatre familles à qui la police belge a ravi un proche, et dénonçant les violences d’État qui apparaissent structurelles et impunies dans ce portrait à charge qui donne la voix à celles et ceux qu’on refuse d’écouter.
Quand la police tue, de Cécile Guypen

Délits de faciès, contrôles abusifs, justice à deux vitesses, des constats qui se recoupent au travers des témoignages des proches de Mehdi, Ibrahima, Sabrina, et de celles et ceux qui luttent tous les jours pour une reconnaissance des erreurs de la justice, un combat long et difficile, documenté par les équipes du collectif ZIN TV et monté dans un documentaire signé Cécile Guypen.
Un récit structuré par les récits plus que par la chronologie, mêlant images saisies sur le vif et échanges plus posés avec les proches des victimes, où l’on sent cependant encore tant leur tristesse que leur envie de justice.
Et un récit qui, dans son essence, se répète malgré le prétendu avancement de l’histoire. Des années 1980 à aujourd’hui, et à coups de dates et de noms comme Mimoun, Saïd, Faysal, et tant d’autres, le collectif revient sur quarante années de violences policières à coup de preuves écrites, photographiques et orales. De quoi raconter une histoire bien sombre de notre Belgique et de son système judiciaire. Des violences chroniques qui causent, selon les équipes de ZIN TV, la mort d’entre 13 et 19 personnes aux mains de la police, ce qui fait de la Belgique le 2e pays d'Europe (après la France) avec le plus grand nombre de morts suite à l'action des forces de l'ordre.
En donnant la parole aux proches des victimes, en visibilisant leur lutte et en montrant la solidarité qui lie ces différents combats et ces multiples collectifs unis dans leur besoin de justice, ce documentaire détricote les discours et les faits divers criblés de préjugés pour mettre des visages, des personnalités, des vies derrière ces victimes d’un système oppresseur.
Et ce, à coups d’images plus fortes les unes que les autres. Un film qui documente l’éphémère pour le prévenir contre l’oubli, et ce tant au travers de l’image filmique que la photographie, du témoignage oral, et de la musique. Avec, dans toutes ces formes d’expression, la même volonté d’offrir un autre narratif, une autre voix à l’encontre de celle dominante d’un récit biaisé.
“Dans le cas de personnes non-blanches, nous faisons face à une irrationalité de traitement”, témoigne l’une des porteuses de parole du film. Et c’est contre cette justice à deux vitesses que s’élève ce documentaire pluriel, dont les participant·es réclament avant tout des réponses, et un réel sentiment de justice dans des procès qui s’éternisent, ou se terminent en non-lieux.
Un combat toujours en cours pour de nombreuses familles, auxquelles le soutien de la collectivité donne encore aujourd’hui la force d’aller de l’avant. Et Ayoub Bouda, frère de Mehdi Bouda, fauché par une voiture de police en 2019, de conclure l’un de ses plus récents discours en citant Assa Traoré, militante antiraciste française : “Un pays injuste est un pays qui appelle à la révolte”.
Un film dédié à Mehdi, Ibrahima, Sabrina, Ouassim, Lamine et toutes les victimes de violences policières, ainsi qu’à toutes celles et tous ceux à qui les violences policières ont arraché un être cher.
Pas de justice, pas de paix.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du collectif ZIN TV pour un dossier pédagogique et des compléments d’information :