Cinergie.be

Radowsky films, atelier d'accueil

Publié le 01/11/2000 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Dossier

Scénario mon beau souci

Je ne sais pas qui continue à prétendre qu'il y a une crise du scénario en Belgique. Du scénario en béton, peut-être bien, mais comment voulez-vous modeler le béton pour en faire de la pellicule et donc un film? Vous en connaissez ? Moi aussi (Christophe Colomb, Wild Wild West, etc.).Vous les avez vus ? Moi non plus. Chaque fois je m'endors pendant la première demi-heure. Comme je ronfle, je m'attends à être réveillé brutalement. Pas du tout. Tout le monde dort. Quel concert. Vous avez beau avoir la stéréo, dans la salle, avec le système THX de Georges Lucas. All you need is sleep.

Radowsky films, atelier d'accueil

J'ai plutôt l'impression qu'il y a une inflation de scénarios (demandez aux maisons de production, à la commission de sélection et aux télés, ils prétendent tous avaler du Prozac le matin avec leur tasse de café noir devant la pile de scénarios qui les attend, certains - dont je tairai les noms - les testant auprès de leur concierge avant de les lire comme dans Le monde selon Garp, le roman de John Irving.
Moi-même, j'en ai envoyé une série et en conserve une dizaine dans un tiroir que je ne puis laisser à la critique rongeuse des souris, Garfield, mon chat roux, s'y opposant farouchement, toutes moustaches dehors.
Que faire ? Devenir écolo ? Arrêter de noircir du papier, donc d'abattre des arbres ? Je ne sais pas.
Mais Radowsky films semble avoir trouver une solution.

 

Atelier d'accueil

Radowsky films, atelier d'accueil, se singularise par une lecture plus qu'attentive des scénarios qu'il reçoit. Souvent, lorsqu'on qu'on envoie un scénario à une maison de production, c'est comme envoyer une bouteille à la mer. Parfois on reçoit un réponse laconique qui ressemble à un accusé de réception, parfois même aucune réponse (les tapuscrits servent-ils de papier brouillon à certains producteurs ?)
Chez Radowsky, vous avez la certitude, de recevoir une note de lecture détaillée (de trois à huit pages), rédigée par un comité de lecture (1) qui ne juge pas de la faisabilité d'un film au niveau de la production mais de ses possibilités narratives, de sa structure et de son originalité. L'idée est d'analyser le scénario sous l'angle de sa mise en images, de sa construction et de formuler des remarques pour améliorer ou restructurer le scénario à partir d'éléments latents dans le récit.

Lecture

L'un de ses buts est de permettre l'éclosion de nouveaux talents mais aussi d'élargir la palette de notre cinéma en encourageant d'autres regards, d'autres genres. " C'est un espace de liberté, de respiration", nous précise Pierre Lekeux qui anime Radowsky films et est, par ailleurs, le producteur des Enfants du Sirat, un film de Mustapha Balci que vous pourrez voir au Festival du cinéma Méditerranéen et à Filmer à tout prix. "On propose un espace d'écriture ouvert à tous où l'on respecte toutes les sensibilités. Il n'est pas question de se substituer à la pensée de l'auteur, nous voulons être son miroir. On cherche à développer ce qui est implicite dans le scénario de l'auteur, à retravailler ce qui est en friche et on veut rester à ce niveau-là. Les remarques sont constructives. On cherche un angle d'attaque qui leur permette de restructurer leur manuscrits. C'est une volonté radowskienne. Pour le reste, c'est à l'auteur de poursuivre son chemin vers la production, c'est sa démarche ", ajoute-t-il en jouant avec une cigarette qu'il hésite à allumer.

Bref, une initiative originale, courageuse et en plein développement que nous ne pouvons que soutenir. Espérons que les membres du comité de lecture ne soient pas obligés, dans un avenir proche, d'avaler, eux aussi, du Prozac pour faire face à l'afflux de scénarios, victimes de leur généreuse attitude.


(1) Le comité est composé d'Emmanuel Jespers, Mustapha Balci, José-Luis Penafuerte, Ken Korgun, Ferdinand Moy, Pascal Pluhmans, Pierre Lekeux, Stéphane Carpiaux et Séverine Alexander.