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RoGoPaG de Rosselini, Godard, Pasolini et Gregoretti

Publié le 14/09/2011 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Sortie DVD
RoGoPaG de Rosselini, Godard, Pasolini et Gregoretti

Le film à sketches est une mode franco-italienne des sixties. Le DVD RoGoPaG rassemble des films de Roberto Rossellini, Jean-Luc Godard, Pier Paolo Pasolini et Ugo Gregoretti. Le Nouveau monde est un court métrage peu connu (il ne figure pas dans le coffret des 10 DVD sur le cinéma chez Godard édité par Gaumont). S'inspirant d'un livre de science-fiction, Godard nous montre les conséquences d'une explosion atomique au-dessus de Paris, la ville de lumière. Un couple (Jean-Marc Bory et Alexandra Stewart) se transforme petit à petit en étranges ex-amoureux. Les mots qu'ils s'adressent changent : " je t'aime"devient "je ex-aime"ou, mieux encore, " évidemment " devient " absolument ". La tour Eiffel est décapitée. Paris, les gens avalent, sans cesse, des pilules. On y reconnaît Jean-André Fieschi, Jean-Louis Comolli, Michel Delahaye et André Sylvain Labarthe, les potes de Godard aux Cahiers du Cinéma. Et aussi, ce qui va devenir un leitmotiv dans ses films d'après 68, les quatuors de Beethoven. La Ricotta, moyen métrage de Pier Paolo Pasolini, est considéré comme son chef-d'?uvre. Ce film, inspiré et religieux, comique et déchirant, nous conte la passion d'un figurant incarnant un larron crucifié dans une super-production sur la vie du Christ. Cet acteur est affamé, obsédé par la nourriture que son corps lui réclame, il mange de la ricotta, s'empiffre au point d'en mourir sur la croix pendant le tournage du film.Le côté ironique du film culmine lorsque Pasolini nous montre un vaste banquet pendant lequel les producteurs (la bourgeoisie romaine) se regroupent, champagne à la main, pour assister à la scène finale devant trois crucifiés dont l'un vient de mourir pour de bon.

Le film a valu un procès et une condamnation de Pasolini à 4 mois de prison avec sursis. Outre une Laura Betti dans le rôle d'une star capricieuse et hystérique interprétant la Vierge, l'un des grands moments du film est l'entretien entre le réalisateur (Orson Welles) et un journaliste romain sorti tout droit de La Dolce Vita. Celui-ci a droit à trois questions qui s'achèvent par un salut de l'artiste qui, face au système médiatique, s'amuse à le dérégler en décodant le code.

  • Welles : " Vous êtes cardiaque? "

  • Le journaliste : " Non ".

  • Welles : " Dommage, cela aurait été bon pour le lancement du film. Après tout, vous n'existez pas. Pour le capital, la main d'?uvre n'existe que pour servir la production. Or, le producteur du film est le patron de votre journal. "

Orson lui tourne le dos. Sur sa chaise, on distingue le mot " réalisateur ".

Des films pareils, on en redemande, surtout en 2011...

Les deux autres films ne sont pas à la hauteur des deux films dont nous venons de vous parler.

RoGoPag, de Rosselini, Godard, Pasolini et Gregoretti), collection Les maîtres italiens, édité par SND/M6 diffusé par Twin Pics