SI-G de Frederike Migom

C'est ce quotidien que nous montre quasiment sans artifices la réalisatrice de Binti, dont la caméra est ici captivée par ce personnage si jeune et pourtant d'une puissance et d'une franchise impressionnante. Face à la documentariste, Cansu s'exprime sans filtre sur son amour du rap, son amour pour le quartier où elle a grandi, et sur ses peurs à la fois enfantines et universelles. On ne peut qu'être conquis par cette honnêteté et cette joie de vivre, captée avec douceur et tendresse par Frederike Migom, que l'on sent attachée et envoûtée par cette énergie. Il en va de même pour les personnages qui gravitent autour de Cansu. Son coach Omar G du collectif Stifstok, rencontré lors d'un atelier de rap au Muntpunt ; sa grande soeur, à la fois exaspérée par son rap quotidien, mais également soutien et complice ; et enfin ses amis, son entourage tout entier, les uns après les autres contaminés par cette ferveur qui se dégage de chacune des actions et des paroles de cette protagoniste incroyable.

Porté par la force de cette jeune fille pleine de rêves et d'énergie, le film emporte instantanément le spectateur dans son univers profondément humain. Au plus proche de ses personnages, sans jamais virer dans l'esthétisme ou dans l'auto-contemplation, Frederike Migom lève le voile sur un autre Bruxelles, au-delà des cartes postales, dans la droite lignée des ateliers de cinéma et s'incluant dans le riche maillage associatif de la capitale. Les quelques mélodies extra-diégétiques s'intègrent délicatement dans le flux d'un récit monté avec talent, sans jamais voler la vedette aux textes et aux rythmes puissants de la jeune rappeuse.

Un film nécessaire autour d'un personnage immensément riche, dont l'histoire ne peut qu'inspirer toutes celles et ceux qui le découvre.