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Sortie de Clown de Nabil Ben Yadir

Publié le 30/11/2006 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Critique

C’est un court métrage tout en contrastes, la vie secrète et tumultueuse d’un croque-mort. Un employé d’hôpital opère la toilette des morts dans les caves du lieu Il s’agit, vous vous en doutez, d’un univers particulièrement glauque, éclairé de néons à dominante verte. Soudain, on change de plan, deux énormes chaussures rouges martèlent le sol, un clown surgit pour apporter un peu de joie aux enfants cloués sur un lit aux étages supérieurs de l’hôpital. Ce qui intéressait Nabil dans la démarche du clown est la double personnalité du personnage. Il vit dans un lieu où personne ne connaît sa double vie, où personne ne peut envisager que le mec antipathique qui travaille à la morgue et qui ne parle à personne est aussi le clown provoquant le rire des petits malades.

 

Sortie de clown de Nabil Ben Yadir

 

C’est le sujet de Sortie de Clown : découvrir l’autre face de gens qu’on croit connaître mais qu’on ne connaît pas vraiment. Pas mal de gens qui ont une double vie ou en tout cas une vie qui ne se confond pas avec le métier qu’ils exercent. Ce qui passionne Nabil Ben Yadir est de suivre les gens  au-delà de ce qu’ils font quotidiennement, de ce qu’ils paraissent être pour leurs collègues. Quelle est la passion secrète qui anime chacun d’entre nous ?

 

Sortie de clown de Nabil Ben Yadir

 

Lorsque le clown découvre que l’enfant occupant la chambre 236 n’est plus là, il se laisse aller, il s’humanise. Le monde, son monde bascule. Les rituels s’effondrent. On retient aussi la belle scène devant la glace et le lavabo des toilettes, le lieu où il se maquille et se démaquille, où il passe de clown à croque-mort et vice versa. C’est là que ses deux mondes se croisent et se rejoignent. C’est le lieu où il craque et devient vivant quittant une vie réglée comme du papier à musique.
Ce film qui ne comporte pas de dialogue joue sur la couleur froide (croque-mort) et chaude (clown) d’un personnage incarné avec brio par Jan Hammenecker.