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Sur le rivage de Camille Mol

Publié le 05/06/2021 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Tout commence par une promenade estivale sous la rosée du matin. Une atmosphère douce et légère, mais l'on sent rapidement dans la mise en scène de Camille Mol une tension sous-jacente, un non-dit qui pèse sur le personnage de Leah, 20 ans. Personne de son entourage ne le sait, elle ne s'en confie à personne, mais elle vient d'avorter. Une expérience vécue en solo, et un traumatisme qu'elle porte alors même qu'elle tente de reprendre le contrôle de son corps et de ses sentiments. Sous le soleil du mois d'août, Leah navigue à vue entre ses questionnements et ses doutes, dans l'univers de son enfance a priori bienveillant mais où tout lui semble désormais étranger.

Sur le rivage de Camille Mol

De cette situation, la réalisatrice tire un film où le temps s'étire, long et immuable, emmenant doucement son personnage à la dérive au gré des ondulations des champs de blé. Les premiers plans du film, très silencieux, très éthérés, rappellent dans leur cadrage et dans leur essence les contemplations d'un Tarkovski, les stases d'un Malick.
Camille Mol, issue de l'IAD, démontre ses talents pour déceler la lumière et éclairer ses personnages avec brio, les plongeant dans les splendides décors du sud de la France aux teintes chaudes et aux rouges intenses. Le grain d'une image léchée et un travail méticuleux et subtil sur le son achève ce bel ouvrage qui pèche peut-être uniquement par sa narration un peu ténue. Mais la capacité de la réalisatrice à capter la vie débordant des corps et des visages de ses personnages, et la prestation de l'actrice-réalisatrice Bertille Estramon aussi charismatique que talentueuse, suffisent à faire de Sur le rivage une œuvre qui ne laissera pas indifférent.

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