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Sur le tournage de "La fine équipe" d'Ismaël Saïdi

Publié le 18/10/2017 par David Hainaut / Catégorie: Entrevue

La Dream Team de Schaerbeek

Cinq ans après s'être fait remarquer par Moroccan Gigolos, Ismaël Saïdi est de retour au cinéma avec La Fine Equipe, une autre comédie. Tourné cet été à Schaerbeek, ce feelgood movie 100% « Made in Brussels » aura pour ambition de divertir, en créant du lien.

Scénariste, réalisateur et même acteur pour l'occasion, Saïdi forme un quatuor avec Kody, l'humoriste vedette du Grand Cactus sur la RTBF et dont c'est le premier rôle d'envergure au cinéma, Mathieu Debaty - révélé dans la websérie Euh - et Joffrey Verbruggen, premier Magritte du Meilleur Espoir pour La Régate, en 2011.

En 2010, après un premier film - invisible des écrans belges & français - Ahmed Gassiaux, puis en 2013, un deuxième (Moroccan Gigolos), plus remarqué celui-là, Ismaël Saïdi avait déjà en tête les prémisses de son troisième, La Fine Equipe, seulement tourné cet été. La raison ? Fin 2014, celui qui était encore un policier deux ans auparavant, a mis en scène Djihad, une pièce imaginée à peine quelques mois plus tôt, mais prévue pour être jouée cinq jours à Bruxelles fin décembre de cette année-là, plusieurs événements survenus dans la foulée, les attentats de Charlie Hebdo surtout, allaient la propulser au rang de véritable phénomène. National d'abord, 70 000 (!) Belges l'ayant vue, international ensuite, la pièce étant jouée du Canada au Japon, en passant par la France, l'Italie ou le Maroc. De réalisateur à peine connu dans le cinéma belge, ce natif de Saint-Josse de 41 ans s'est mué en icône médiatique, régulièrement sollicité pour des questions liées au terrorisme. Le temps, entre autres, de créer une nouvelle pièce (Géhenne), en tournée en ce moment, c'est donc en ce mois d'août, que celui s'auto-proclamant « Belge musulman de culture judéo-chrétienne » a enfin pu trouver le temps de mettre en boîte sa Fine Equipe.

L'aspect fédérateur du football

Transformé aujourd'hui en personnage public, Saïdi avait envie de retâter du cinéma en abordant d'autres questions. C'est pour le football, sous forme de comédie pure, qu'il a opté. "Et le plus dingue, c'est que je hais le foot !", explique Saïdi. "Petit, on me mettait gardien et j'étais une passoire. À tel point que des mecs en payaient d'autres pour ne pas m'avoir dans leur équipe. Et à part le fameux France-Brésil de la Coupe du Monde 1998, je ne me souviens pas avoir regardé un seul match en entier ! Là, j'avais envie de faire un truc rassembleur qui parle aux gens, et le ballon rond correspond bien à ça. Puis, ma productrice, Geneviève Lemal, m'a soufflé l'idée du street soccer, pour toucher plus de jeunes. C'est de la folie furieuse de jouer en plus de l'écrire et de le réaliser. Mais voilà, dans le pitch se trouvait un gars de 40 ans un peu comme moi, alors Geneviève m'a proposé ce rôle..."

Un casting atypique

Saidi IsmaëlDans La Fine Equipe, Saïd campe en fait le personnage de Samir, ex joueur du mythique club du RWDM. Se retrouvant à élever seul une fille diagnostiquée haut-potentiel et contraint de l'inscrire dans une école privée impayable pour lui, il a alors l'idée de participer à un tournoi de street soccer à Schaerbeek, qui promet 10 000 euros aux vainqueurs. Pour cela, il monte une équipe de bras cassés grâce à son meilleur ami, Charlie, joué par Mathieu Debaty, remarqué dans la websérie à succès Euh, et qui fait là ses premiers pas au cinéma. "Jouant souvent au foot, le rôle tombait bien pour moi. Et comme dans Euh, je joue un mec sympa", détaille l'atypique comédien. "Je ne connaissais pas Ismaël, mais je suis heureux de me retrouver ici. Les choses ont l'air de bouger en Belgique francophone. On ressent une sorte d'émulation, qui fait du bien !"

Outre Shark Carrera (Djihad) ou Erico Salomone (Rundskop), ces pieds nickelés comptent en leurs rangs Joffrey Verbruggen, Magritte du Meilleur Espoir en 2011 pour La Regate. Après un joli parcours parisien qui l'a mené en télé (Le Grand Journal, sur Canal +) et sur scène (avec Liberté, son premier spectacle), ce Bruxellois de vingt-huit ans campe le plus jeune de la bande, Curseur, un dingue de foot surtout attentif à son look et à son GSM. "C'est en allant présenter un court-métrage au dernier Festival de Cannes (NDLR: La Station de Patrick Ridremont) que la production m'a parlé du projet", dit Verbruggen. "J'avais des bases en foot, mais je me suis spécifiquement entraîné pendant un mois pour négocier quelques gestes techniques et être un minimum crédible. Ce qu'il y a de bien ici, c'est qu'on peut amener notre propre patte de comédien !"

Les rêves de Kody

Ce que confirmait Kody, humoriste bien connu des téléspectateurs de la RTBF (Le Grand Cactus), qui campe Cartouche. Après quelques apparitions (Le Tout Nouveau Testament, Complices...), il avoue réaliser un nouveau rêve en obtenant ce premier grand rôle. "Le réalisateur étant lui-même un acteur, il est ouvert à toute proposition pour nos personnages ou les dialogues, nous laissant improviser, ce que j'adore. En ce qui me concerne, je suis d'autant plus heureux que ce film est bruxellois et qu'il contient une vraie identité belge. Puis, on filme du foot en impliquant des jeunes et des freestylers belges de renommée, certains ayant formé des joueurs comme David Beckham et Zinédine Zidane !" Très actif en radio et en télévision, belge ou française, cet acteur charismatique n'a jamais masqué ses ambitions par rapport au 7e art. " Ce serait magnifique que je puisse m'accrocher à ce rêve qui est né ado, pendant un cours d'analyse autour de Lawrence d'Arabie. Bien que je l'ai déjà réalisé, en passant une demi-journée avec Jaco Van Dormael. La radio, la télé et le spectacle me prennent beaucoup de temps, mais j'ai d'autres projets en cinéma, d'écriture aussi, sur lesquels je compte avancer. J'espère ne pas devoir engager des sosies !"

Première production 100% belge de Scope Pictures, active dans le Tax-Shelter, soutenue entre autres par le Fonds Screen Brussels et RTL-TVi, La Fine Equipe sortira courant 2018. "Soyons francs", conclut Saïdi, "On ne part pas ici sur un chef-d’œuvre artistique. Je ne revendique rien d'autre que faire un divertissement d'une heure vingt..."

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