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Tournage du court-métrage MyFriend, de Michaël Bier & Hervé Piron

Publié le 30/03/2021 par Constance Pasquier, David Hainaut et Oscar Medina / Catégorie: Tournage

Clap de début pour Cosmos-Kosmos

C'était certes celui d'un court-métrage, mais c'est un tournage loin d'être anodin sur lequel nous nous sommes rendus au cœur de l'hiver, puisque le film MyFriend coïncide avec la mise en place d'une nouvelle plateforme belge de financement participatif (répondant au nom de Cosmos-Kosmos), lancée par Comedien.be, l'incontournable site des acteurs de notre pays.

Initiateur de ce nouveau guichet qui devrait être utile pour de nombreux artistes dans un futur assez proche, le trio formé par Michaël Bier, Eno Krojanker et Hervé Piron a imaginé une comédie grinçante, inspirée d'une application japonaise permettant de louer des amis.

C'est en tombant sur un article de nos collègues français de L'Obs, qui décrivait le quotidien d'une agence japonaise de location d'amis, qu'a germé l'idée du film MyFriend. Comme ses concepteurs l'expliquaient en amont : "On a trouvé aussi effrayant que drôle que puisse, de nos jours, exister une entreprise qui, pour la somme d'environs 100 euros pour trois heures, mette à disposition de ses clients plus d'un milliers de profils d'amis en tout genre, allant d'enfants à des personnes âgées, en passant par des jeunes fringants. D'ailleurs, beaucoup d'entre eux sont des comédiens professionnels ! Donc, histoire d'anticiper l'arrivée de ces applications en Belgique (il en existe au moins une, MyFriends.com) qui pourraient un jour devenir aussi populaires que Tinder ou Uber, on a imaginé une histoire qui puisse poser des questions sur la grave crise de valeurs qu'on traverse, mais aussi sur cette mercantilisation de l'amitié qui nous semble quand même être un mauvais signe pour notre société. Le tout, en tâchant d'en rire, et même en évitant d'envisager le pire, puisqu'on table sur un sursaut d'...humanité !"

Un sujet original, un trio d'artistes (sympathiques) expérimentés, une équipe technique solide et de bons réseaux, aussi bien humains que virtuels: c'est presque sans surprise que MyFriend est devenu le premier projet financièrement concrétisé de la plateforme Cosmos-Kosmos. En 48 heures à peine...

Un projet qui fait sens

Sans dévoiler trop du pitch de ce court-métrage qui avoisinera le quart-d'heure, son récit évoque celui d'Herbert. Souffrant d'un mal-être chronique et étant même suicidaire, ce quadragénaire décide pour son anniversaire de louer Noé, un comédien de seconde zone, via une application.

 

Hervé Piron sur le tournage de MyFriend © Oscar Medina/Cinergie

 

"C'est pratiquement de l'autofiction, en fait !", sourit Hervé Piron entre deux prises, lui qui en est l'interprète principal (Herbert, donc) et le co-réalisateur avec Michael Bier. "Eno (Krojanker, alias Noé) et moi sommes comédiens, on aborde quelque chose qu'on connaît très bien. Le fait d'imaginer la possibilité d'un nouveau job d'ami-comédien à nos galères habituelles, c'est assez drôle. Mais bon, au-delà de ça, notre chance, malgré ce petit virus qui nous embête depuis l'an dernier, c'est que pas mal de gens sont disponibles et qu'on a pu réunir une sorte de dream team: tout s'est aligné de façon magnifique, des décors au chef opérateur, en passant par l'ingénieur du son : on a eu tous les gens qu'on voulait. C'est donc un film fauché mais tout le monde y trouve un sens.", détaille ce comédien ayant des projets tant au cinéma (pour le duo Raphaël Balboni-Ann Sirot) que sur les planches (pour le Théâtre Varia). Entre autres.

Cosmos-Kosmos, un guichet de plus

"C'est à peu près un huis clos avec deux personnages dans un appartement", détaille Bier, l'autre réalisateur, qui a déjà plusieurs courts-métrages et un long (l'atypique Je suis resté dans les bois) à son actif.

"L'avantage de cette nouvelle plateforme qui a la particularité d'être bilingue, c'est qu'en dehors de quelques frais bancaires, la structure ne prend pas d'argent sur la récolte de fonds : donc quasiment 100% de la somme récoltée va dans le film. Le principe, c'est que les gens mettent de l'argent et en contrepartie, ils reçoivent des invitations ou des cadeaux. Et si la somme n'est pas atteinte, chacun est remboursé et on ne reçoit pas la somme. Raison pour laquelle on a tablé sur 2000 euros. C'est assez modeste, mais on préférait ça que rien."

 

Sur le tournage de MyFriend ©Oscar Medina/Cinergie

 

Vu la rapidité avec laquelle l'argent a été obtenu, n'ont-ils pas eu le regret de ne pas avoir demandé davantage? "Non!", renchérit Bier. "Mais précisons que le Cosmos permet aux gens de donner encore après. On a d'ailleurs pu doubler notre budget en cours de route, ce qui n'est pas si anodin. Puis, ce qui est chouette et qui reste un principe du financement participatif, c'est de trouver des rétributions et des cadeaux allant dans la tonalité du film. Du coup, on a eu l'idée de proposer aux gens - pour la somme de 50 euros - de réellement passer une soirée avec eux !"

En attendant La Relève

Moralité, plus on aurait d'amis, mieux on serait financé ? Piron réagit : "Être quelqu'un de sympa, c'est payant. Mais il ne faut pas être sympa pour que ...ça paie ! Après, je crois franchement que pas mal de gens qui ont financé ce projet trouvait que la thématique avait complètement un sens par rapport à ce qu'on vivait tous et toutes maintenant."

Bier relève, il y voit un paradoxe : "Alors que cette période est compliquée pour beaucoup, on sent ce besoin de continuer à faire ce qu'on aime, de créer. Les gens ont aussi le besoin de soutenir des œuvres, parce qu'il y a déjà cette envie d'avoir de nouvelles choses à regarder par la suite. Pour cela, on peut dire que cette plateforme tombe à pic. Parce que justement, elle demande le concours de gens. Sans eux, qu'il s'agisse d'artistes ou de donateurs, elle n'existerait pas", termine celui qu'on connaît aussi comme directeur de castings, et qui vient notamment de collaborer sur le dernier film de Benoît Mariage (Saint Habib) et sur les séries Baraki et Coyotes pour la RTBF.

 

Eno Krojanker sur le tournage de MyFriend © Oscar Medina/Cinergie

 

Quant à MyFriend, pour l'heure en finition, on devrait rapidement en entendre parler, à l'instar de Cosmos-Kosmos, une vitrine intéressante qui se destine à centraliser toute forme de création en Belgique (arts de la rue, théâtre...). En cinéma, l'organe vient de permettre le financement de La Relève, un autre court-métrage (de Jérôme Jacob-Paquay) qui rendra lui hommage à l'univers des superhéros. En attendant d'autres, certainement...

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