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The Commissionner de George Sluizer

Publié le 01/06/1997 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Tournage

Le hall d'arrivée de l'aéroport de Zaventem, une après-midi du mois de mars. Un flot de voyageurs pressés encombrés de bagages se dirige vers la sortie. À contre-courant, un cameraman, Arriflex BL à l'épaule, enregistre l’événement tandis qu'un assistant éclaire le plan à l'aide d'un Quartz. Cela ressemble à une équipe de télé filmant, dans la bousculade, l'arrivée d'un chef d'état européen. Et c'est cette tonalité-là que George Sluizer, le réalisateur, veut donner au plan de l'arrivée à Bruxelles de James Morton. Un peu en retrait, appuyé sur une canne, il surveille attentivement la scène. Derrière la masse des voyageurs pressés qui débarquent du vol Londres - Bruxelles, James Morton se dirige d'un pas décidé vers Peter Simpson, son adjoint. Les deux hommes se serrent la main. Le cameraman les cadre et les suit jusqu'à leur sortie de champ.

The Commissionner de George Sluizer

Travelling

L'équipe se retrouve à la sortie de l'aéroport pour mettre en place le plan suivant. Il fait froid et humide. Les machinos installent les rails d'un travelling, posent la Dolly Chapman dessus, puis, sur le pied de la caméra, la Moviecam dirigée vers un taxi dans lequel James Morton et Peter Simpson sont censés monter. George Sluizer demande au chauffeur d'ouvrir la porte avec souplesse de manière à ce que Morton et son assistant puissent s’engouffrer avec naturel dans la voiture. John Hurt, qui interprète Morton attend paisiblement que la mise en place s'achève en sirotant un café noir que lui a offert la régie. Simon Chandler qui interprète Peter Simpson fait les cent pas. Le réalisateur demande une répétition et John Hurt se lève, prend une serviette en cuir noir que lui tend un assistant, ajuste son écharpe et monte dans le taxi. George Sluizer suit la scène, l’œil droit collé à l’œilleton de la caméra. Il suit le déplacement des acteurs au cadre tandis qu'un assistant pousse la Dolly sur le rail, latéralement. Il lève la tète avec perplexité, consulte le directeur photo et le cadreur et décide de remplacer le travelling par un plan fixe. On enlève les rails, la Dolly et on place la Moviecam sur un pied Arri à manivelles. Tandis que John Hurt signe un autographe à l'entrée du hall de l'aérogare, des voyageurs intempestifs, prenant le taxi fictif pour un vrai, s'approchent de la voiture avec leurs chariots de bagages et s’emmêlent les pieds dans les connexions qui relient le perchman au Nagra de l'ingénieur du son. Anticipant le désastre à venir, la maquilleuse crie : "Stop" aux voyageurs éberlués et mécontents.
La caméra est en place, le cadreur à l’œilleton. Après une ultime répétition, George Sluizer lève sa canne. La voix haut perchée de l'assistante murmure dans son talkie : "Karim, stop the cars". Les machinos arrêtent la circulation le temps d'une prise. Action ! John Hurt s'engouffre dans le taxi, avec une perche au-dessus de la tête, cadré en plan moyen. Le chauffeur claque la portière arrière s'installe à l'avant et démarre. Cut.

Trafic

Le film retrace le parcours de James Morton, un ministre anglais que son gouvernement nomme Commissaire Européen auprès de la Communauté à Bruxelles. De source confidentielle, il reçoit des informations sur l'existence d'un trafic de déchets chimiques auquel ni Kramer, le Président de la Commission ni personne ne semble prêter attention. Avec l'aide de Murray, un journaliste britannique, Morton décide de mener une enquête. Ils découvrent que Ritter, un criminel nazi, qui pendant la guerre a produit les gaz ayant servi dans les chambres d'extermination des camps , est à la tête de la Métron , un consortium chimique. Koenig, son informateur secret est arrêté. L'appartement de Morton est plastiqué et détruit.


"C'est l'histoire d'un trafic international de déchets chimiques, nous confie John Hurt dans sa caravane, entre deux séquences, "une sorte d'imbroglio qui se déroule dans le milieu de la Commission européenne et où les intérêts de l'industrie et de la politique s'affrontent. James Morton va essayer de débrouiller cet écheveau d'intrigues, de survivre aux coups tordus de ses adversaires avec l'aide d'Helena Noguentes, la Commissaire portugaise de l'Environnement, une "verte" farouche. J'avoue que j'apprécie particulièrement le personnage de Morton qui a une certaine épaisseur. Morton est sévère mais juste - peut-être un peu sombre - mais il croit à ce qu'il fait et il le fait avec une rigueur toute britannique. Il cherche à découvrir la vérité mais aussi des preuves qui confondent ses adversaires car la loi c'est la loi! Le film met en valeur les côtés humains des personnages et c'est une chose qui m'a plu dans cette histoire. On a terminé la semaine passée les séquences londoniennes, on tourne les extérieurs à Bruxelles cette semaine, et la semaine prochaine les intérieurs à Cologne". Il extrait une Curtis Silk de son paquet, l'allume, avale la fumée, la rejette. "Bien sûr, j'aurais préféré en ce moment tourner dans les pays chauds, au Portugal ou en Italie, mais le producteur principal est allemand et puis, j'aime beaucoup Bruxelles. "

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