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The Tears of Things de Kate Voet

Publié le 18/01/2022 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Prix de la critique au Kort Film Festival de Louvain, The Tears of Things de Kate Voet marque l’esprit par ses références nombreuses à l’histoire du cinéma comme par son hypnotique voix-off. En aspirant le spectateur dans un lent tourbillon d’émotions, la réalisatrice convoque Tarkovski autant que Bergman et flirte avec les cinémas d’Europe de l’Est par son style et sa narration.

 
The Tears of Things de Kate Voet

Une lettre, découverte par le compagnon d'Ana déclenche le récit. Celui d’un amour qui s’est étiolé au fil des ans, dans une passivité et un silence des deux personnages autrefois amants passionnés. À l’image de leur amour, l’encre s’efface lentement du papier sous l’effet des gouttes de pluie. Une citation littérale de Casablanca, à laquelle la réalisatrice ajoute une touche de modernité par la couleur et le clair-obscur. S'ensuit alors la lente progression des souvenirs, ceux qui révèlent les non-dits qui ont, petit à petit, miné le couple, rendant leur relation et leur amour impossible pour la protagoniste. Et plus particulièrement cette nuit de basculement, ce drame banal et pourtant terrible. Avec une finesse et une subtilité évidente, Kate Voet réussit à dire toute la détresse d’Ana et de celles qui subissent les mêmes traumatismes qu’elle, sans aller ni dans le pathos, ni dans l’excès. Comment une relation peut se décrépir dans un silence assourdissant, et comment deux êtres peuvent s’éloigner l’un de l’autre par le refus de dialoguer.

Baignant son film dans des maisons humides et vides et dans des natures mortes qui renvoient de façon évidente à Tarkovski et plus subtilement aux œuvres de Bergman, la cinéaste offre un condensé de cinéma dans ce troisième court-métrage, aussi personnel que référentiel. Une lettre d’amour au Septième art, et un récit d’une étonnante beauté mélancolique.

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