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Titan de Valéry Carnoy

Publié le 26/07/2021 par Sarah Pialeprat / Catégorie: Critique

Achille au pied léger

Sélectionné dans la catégorie courts-métrages belges au Festival International du Film de Mons, Valéry Carnoy a remporté le grand Prix avec son film intitulé Titan. Un film poignant qui se fait le portrait d'une enfance blessée porté par de très jeunes acteurs au talent fou.

Titan de Valéry Carnoy

Nathan (l’incroyable Mathéo Kabati), treize ans, habite avec sa mère et son grand frère dans un bled paumé où seul le vélo lui promet quelques échappées belles. Il entretient avec son grand frère - qui est son modèle et son idole -, une complicité virile dans laquelle il apprend depuis toujours qu’être un mec, c’est être un gros dur, ce que vient encore confirmer un cadeau de son frangin  : un couteau à cran d’arrêt. Ce petit bonhomme pas sorti de l’enfance, couvert de balafres qui laissent supposer un dur passé, va se laisser entraîner dans une drôle d'aventure par son ami Malik. Affublé du blouson de cuir trop grand de son aîné, clope derrière l’oreille, et dans sa poche, le couteau qu’il vient de recevoir, Nathan a rendez-vous avec deux autres mômes pour un rituel dangereux et douloureux. Une fois encore, il faudra prouver à quel point on est un dur à cuire, et Nathan s'y est plus que préparé.

Le film de Valéry Carnoy, en dix-neuf minutes, plante le portrait juste et bouleversant d’un moment décisif, celui qui fera prendre un chemin plutôt qu’un autre, ce moment où un acte décide de se choisir en tant qu’être humain. Il questionne avec une grande sensibilité la fragilité et la force mises en tension par ce titre évocateur Titan. Et si être fort signifiait autre chose que ce qu’on avait cru jusqu’ici ? 
Avec sa mise en scène épurée, son écriture efficace et ses acteurs d’une force inouïe, le film de Valéry Carnoy s’impose, dès sa première scène filmée au portable, par la justesse de sa vision d’une jeunesse en manque de repères.

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