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Un homme à la mer de Géraldine Doignon

Publié le 01/06/2016 par Nastasja Caneve / Catégorie: Critique

Cela fait quelques années qu'on attendait le deuxième long-métrage de Géraldine Doignon. Après ses études à l'IAD, la jeune femme réalise Trop Jeune en 2003 et Comme personne en 2006, deux courts-métrages qui ont eu leur petit succès en festivals. La réalisatrice s'attaque ensuite aux longs avec De leur vivant en 2012, drame intimiste sur le deuil. Pour son dernier film, produit par Hélicotronc et dont la sortie en salle est prévue le 1er juin 2016, elle travaille encore avec Christian Crahay, Yoann Blanc, Jo Deseure, déjà présents dans son film précédent, et de nouvelles têtes : Joséphine Stoll et Bérengère Bodin.

un homme à la mer de Géraldine DoignonMathieu flotte, une étoile de mer. Il est biologiste et passe sa vie à découper de minuscules cadavres d'organismes marins. Sa vie est morne et manque cruellement de piment. Il voulait prendre le large, être au milieu de la mer, c'était ça son rêve. Un jour, sa belle-mère disparaît et Mathieu, perturbé et intrigué, décide de partir à sa recherche. Il la retrouve dans une maison à Oléron, au bord de la mer. Un havre de paix qui leur permet à tous les deux de faire le bilan et de prendre un nouveau départ.

"Dans l'océan Pacifique, il y a un petit poisson. On l'appelle le migrant." Voici les premiers mots de Un homme à la mer. Ce petit poisson, c'est Mathieu, incarné par Yoann Blanc, l'inspecteur Yoann Peeters de La Trève. Personnage en retrait, dans son couple, sa belle-famille, son boulot. Il décide de tout plaquer. "Il ne sait pas où il va, il ne sait pas s'il y arrivera, il a des milliers de raisons de mourir mais il y va", comme le migrant, le petit poisson du début. On ne sait pas vraiment ce qu'il veut, plein de désir ou non? , comme avec la fille de 16 ans de l'amie de sa belle-mère, jaloux avec sa belle-mère, calme face à la mer. Un personnage insondable, au centre du récit, aux côtés de la comédienne Jo Deseure, chez qui grâce et douceur sont au rendez-vous. Deux êtres esseulés qui regrettent.

Choisir, c'est renoncer. Renoncer à un amour de jeunesse, renoncer à une maison au bord de la mer, renoncer à... Voilà le quotidien de chacun. J'aurais pu. Tu aurais pu. Il aurait pu. Oui, c'est vrai, mais je ne l'ai pas fait. Alors ? Alors il est encore temps de reprendre sa vie en main car quand on veut, on peut. Même quand c'est le chaos. Il suffit d'une force et pour Mathieu, ce sera celle de sa belle-mère, une femme libre comme l'air.

Le dernier film de Géraldine Doignon est comme un long poème où les vers s'enchaînent au rythme des vagues qui vont et qui viennent. Un pas en avant, un pas en arrière, c'est comme cela qu'on tente d'avancer. Quelques belles chansons qui viennent ponctuer ça et là cette mer calme où les tensions intérieures s'affrontent et où le sentiment de liberté est à portée de main.

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