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Veille de Noëlle Bastin et Baptiste Bogaert

Publié le 16/04/2021 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Veille est un film de confinement, à n’en pas douter. Profitant avec malice des contraintes liées à la pandémie, le duo de cinéastes Noëlle Bastin et Baptiste Bogaert nous emmène à la découverte du quotidien de chacun, fictionnalisé dans un faux documentaire d’anticipation dystopique.

 

Veille de Noëlle Bastin et Baptiste Bogaert

À concept particulier, rythme étrange et déstabilisant. L'inaction pèse dans ce film simple, mais à l'esthétique bien plus réfléchie qu'il n'y paraît, à cheval entre récit fictionnalisé et captation du réel. Le spectateur intrigué se laissera prendre petit à petit au jeu et à ces plans fixes du quotidien, si proches des sempiternelles visio-conférences aujourd’hui rentrées dans nos mœurs bien malgré nous. Le temps s'étire pour nous comme, semble-t-il, pour le personnage du veilleur, incursion la plus marquante de la fiction dans le récit documentaire.

De fil en aiguille, on comprend lentement le message orwellien sous-jacent du récit, jouant sur l’image et sur les formes pour installer d'une part un climat d’anxiété technologique, et de l'autre, un certain voyeurisme rappelant les codes de la télé-réalité. Un équilibre maîtrisé par le film, qui nous permet au passage de prendre la mesure de tout ce qu’une simple image filmée dans le quotidien des gens peut révéler sur leur personnalité, leurs habitudes et leur mode de vie.

Poussant la réflexion au-delà de la simple observation, le duo de cinéastes prouve ce constat par l'exemple. Dès lors qu'un système peut récolter toutes ces données sur les individus, il devient alors enfantin d'ériger certaines en facteurs normatifs, et d'imposer un comportement à l'ensemble d'une société. Et le résultat de cette Veille est, il faut bien l'avouer, au-delà des quelques faiblesses narratives et de mises en scène que présente le film, glaçant et sans appel.

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