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Vers une inconditionnelle liberté de Serge Challon et Vartan Ohanian

Publié le 04/03/2016 par / Catégorie: Critique

Au-delà des barreaux

On le sait, la réinsertion des détenus n'est pas une mince affaire, aux traumatismes dus aux violences de l'univers carcéral s'ajoutent ceux d'une société loin d'être toujours encline à pardonner. Serge Challon et Vartan Ohanian offrent ici un très beau portrait empreint d'espoir et d'optimisme, exemple d'une réinsertion réussie.

Vers une inconditionnelle liberté de Serge Challon et Vartan OhanianJean-Marc Mahy n'a pas dix-huit ans quand il est incarcéré pour meurtre. Peu de temps après, il se fait la belle, mais la cavale vire au tragique lorsqu'il tue un gendarme. Jean-Marc Mahy passera dix-neuf ans derrière les barreaux dont trois en isolement avant d'obtenir une libération conditionnelle d'une période de dix ans.
Devenu éducateur spécialisé, Jean-Marc écume les établissements scolaires à la rencontre des jeunes. Avec pareil passé, son auditoire, quel qu'il soit, écoute sans broncher d'autant que ses mots sont simples et justes. Il raconte les difficultés à la maison ou à l'école, l'appel de la rue pour retrouver les copains qui connaissent les mêmes déboires. Arrive alors la première bêtise pour les impressionner puis la seconde avant que l'engrenage ne se mette en route jusqu'à l'irréparable. Leurs colères et leurs problèmes, il les connaît parfaitement. Alors, il insiste. À sa sortie de prison, personne ne voulait embaucher un double meurtrier. Une main finit par se tendre, une porte par s'ouvrir.
Parallèlement, Jean-Marc a monté la pièce « Un homme debout » avec Jean Michel van Den Eeyden, directeur du Théâtre de l’Ancre, à Charleroi. Il y raconte ses trois années passées en isolement, la détresse et les cris, nous rappelant qu'il ne compte plus les suicides et les vies d'hommes que la prison a définitivement brisés. Lui, a tenu bon et lorsqu'il reçoit le précieux sésame mettant officiellement fin à sa conditionnelle il se pince pour le croire. Désormais libre, il n'en a pas fini pour autant avec la prison. Son combat ne fait que commencer, une situation parfaitement résumée par une maxime toute personnelle qu'il répète comme un sacerdoce : «J'ai payé ma dette envers la justice, pas envers la société».

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