Dans le court-métrage Villa Madjo, la réalisatrice Elen Sylla Grollimund commence par raconter que son père à la peau blanche est né en Côte d’Ivoire et que sa mère à la peau noire est née en France avant de questionner le métissage en retraçant l’histoire complexe de sa famille, la colonisation et l’expérience du couple mixte en Europe dans les années ’50 et ’60.
Villa Madjo de Elen Sylla Grollimund au BIWFF
Dans ce documentaire conté et imagé, de splendides et originaux dessins animés s’entremêlent avec des images d’archives coloniales et des photos de la famille d’Elen, ce qui offre un réalisme poignant et un rythme dynamique à l’ensemble. Elle décrit des vestiges de la colonisation qui trônent dans son domicile familial à Villa Madjo, deux masques africains ; un visage noir qui l’observe et un autre de femme taillé dans une défense d’éléphant, sculpté dans la mort. Comment forger et embrasser son identité métisse au sein d’une famille au passé ambigu ? Dans cette maison, elle a appris à apprendre le passé que sa famille porte en elle et celui qu’elle s’est créé elle-même.
Le court-métrage apporte également un éclairage intéressant sur des pans de l’histoire. On en apprend davantage sur les dérives de cette « Françafrique » postcoloniale mettant à mal les intérêts du continent africain, mais aussi sur le racisme de la France du 20e siècle.
À la fin du documentaire, la réalisatrice dépasse ce passé lourd et renoue avec ses racines. Un problème perdure : pourquoi les termes quarteron et octavon existent-ils ? Comment éviter de minimiser le sang noir et de maximiser le sang blanc ? Quand pourra-t-on passer outre cette dichotomie malsaine ?