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Waiting For Yesterday de Patrick Junghans

Publié le 08/11/2011 par / Catégorie: Critique

L'une de nos découvertes au Festival International du Film Indépendant de Bruxelles, Waiting for yesterday sera également présenté au festival Media 10-10 à Namur.

Autodidacte de l'animation en 3D, Patrick Junghans a déjà plusieurs petites séquences, sans scénario élaboré, à son actif. Il passe désormais un cap important en s'attelant à la réalisation et nous livre un premier court métrage, Waiting for yesterday. Savant mélange de prises de vues réelles et de personnages animés, l'ensemble dégage une nostalgie et une chaleur comparable au jeu d'un acteur en chair et en os. Le personnage principal, Jake, se retrouve seul après la mort de sa compagne, Sophie. Décès survenu lors d'un accident de voiture pour lequel il se sent responsable. Les sombres pensées du héros solitaire l'amènent à envisager le suicide mais la lueur d'espoir suscitée par l'apparition de sa compagne décédée lui ôte définitivement cette idée de la tête. Cette palette d'humeurs est rendue possible grâce à la technique d'animation qui donne une apparence presque réelle à la texture du personnage.
La scène d'introduction où le héros ouvre les yeux montre parfaitement le détail apporté à la peau, aux cheveux et surtout aux yeux (bluffants) du personnage. La mise en scène, quant à elle, accentue la solitude de cet homme désespéré.
Sentiment qui transparaît d'autant plus qu'il n'y a pas de personnages secondaires. Aucun passant n'apparaît, les seules présences décelables se trouvent dans le va-et-vient incessant des voitures et dans les apparitions du fantôme (ou du souvenir ?) de sa femme.
Le monde en arrière-plan, une grande ville industrielle, semble accéléré, les voitures passent à toute vitesse alors que l'amoureux esseulé bouge au ralenti renforçant l'impression que la vie de ce dernier s'est arrêtée avec la mort de la femme qu'il aimait.
Les histoires de Jake et du spectre de Sophie se font face comme au travers d'un miroir, il la voit tenter de mettre fin à ses jours comme il l'a fait lui-même ou pleurant sur sa tombe à lui, et montrent ainsi au spectateur une version alternative de l'histoire dans laquelle les situations se révèlent être inversées. Une histoire sur le fil du réel où le rêve d'un passé révolu et le cauchemar de la réalité au présent se croisent sans réellement se toucher.

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