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Wickerman, Bastiaan Lochs, 2024

Publié le 05/11/2024 par Basile Pernet / Catégorie: Critique

Dans une posture mêlant recueillement et expression, l’artiste belge Tamino s’isole dans un décor très rural pour composer son second album. C’est donc tout un processus créatif que Bastiaan Lochs tente de capturer discrètement, sans communication directe avec le musicien, en témoin attentif aux sons comme aux images. À la manière d’un poème en prose, Wickerman semble poursuivre l’expression d’une beauté libre et mélancolique. D’un autre côté, le rapport créé avec le musicien témoigne d’une intention narrative propre au récit documentaire, par l’impression d’objectivité qu’il suggère.

Wickerman, Bastiaan Lochs, 2024

Le travail de Bastiaan Lochs se définit par le désir de partager avec le public une expérience solitaire et immersive. Partager un espace intérieur – entre les murs d’une maison ancienne, adaptée en laboratoire d’expérimentations musicales –, de même qu’un environnement extérieur – un jardin verdoyant dans lequel l’artiste édifie une statue en osier, à la manière d’une gerbe, d’un totem, ou d’une mascotte que l’on finit par détruire. Toutefois, l’espace intérieur est aussi celui de l’activité créatrice et sensorielle, des mécanismes internes propres à l’imagination. Ce rapport parfois complexe entre introspection et ouverture au monde se dessine grâce aux choix de plans et aux intentions de montage, aux mouvements de mise à distance du sujet filmé. Dans le cas de Tamino il ne s’agit pas moins de se fermer à l’agitation du monde citadin moderne, que de s’abandonner au silence d’un cadre rural et assez sauvage. La manière plutôt singulière de représenter des lieux simples comme une maison isolée et son jardin est particulièrement intéressante. On y sent comme l’influence esthétique et narrative d’un Gus Van Sant ou d’un Jim Jarmusch, deux réalisateurs également animés par le lien mystérieux entre solitude et création – à plus forte raison musicale. Ici, Bastiaan Lochs nous propose d’envisager l’évolution sensible dans l’attitude de l’artiste au fil des séquences ; comme un cheminement poétique sans début ni fin, orienté vers un mode de vie d’apparence paralysante, mais qui semble se révéler fécond.

 

Court-métrage mélancolique et animé d’un goût pour la contemplation, Wickerman est à découvrir dès le 16 novembre au Brussels Art Film Festival. 

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