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Nacho Carranza

Nacho Carranza

Métier : Réalisateur

Ville : Bruxelles

Province : Bruxelles-Capitale

Pays : Belgique

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Filmographie

Marelle

Marelle

Réalisateur(-trice)
fiction
2004
 

Le déclic...

Nacho Carranza

Un chat se promenant sur les toits

Un jour je me suis réveillé avec la conviction que la révolution n'existait pas, que le concept même de révolution n'était qu'une convention séduisante comme une autre, que ce soit dans la politique, dans la science ou dans la nature. Ce jour-là pourtant, je me suis enrichi d'un paradoxe de l'humain, qui ne m'a plus quitté depuis : le monde ne demande qu'à être transformé, réinventé, recréé. J'ai quitté mon métier d'avocat et mon activité politique et j'ai décidé de faire du cinéma, même si cela signifiait changer de pays et de langue. Le cinéma, selon la haute idée que je me fais de ses potentialités, est bien plus qu'une machine à "copier" le réel, est un instrument bien plus pervers qu'un simple reproducteur d'illusion de réalité. Le cinéma, idéalement, implique un regard, une métaphore et un espace/temps susceptible de faire irruption dans notre imaginaire et dans notre vie. D'abord, il y a un regard poétique sur le monde... qui fait aussi partie du monde. Un regard poétique qui cherche à découvrir les liens secrets et intangibles entre les hommes et les choses, leur part de mystère, et qui crée, par-là, l'émerveillement. Un regard qui permet la transformation de la réalité palpable en réalité émotionnelle. Ensuite, il s'agit d'une immense métaphore de la réalité. "Il n'y a pas de différence essentielle entre la métaphore et ce que les professionnels de la science appellent l'explication d'un phénomène" disait le jeune Borges, et il ajoutait "... ainsi, quand un géomètre affirme que la lune est un espace à trois dimensions, son expression n'est pas moins métaphorique que celle de Nietzsche lorsqu'il préfère la définir comme un chat se promenant sur les toits". Finalement, le cinéma possède une existence bien concrète dans l'espace/temps. Jaco Van Dormael s'émerveillait de penser que, ayant été vu par beaucoup de spectateurs, son film avait "occupé", pendant des milliers d'heures la vie de milliers de personnes. Si un regard poétique sur le monde - en le récréant - fait partie du monde, mutatis mutandis, le cinéma fait partie de la vie. Ainsi, les histoires et les personnages de cinéma font partie de notre vie, sont aussi réels que les maisons et nos voisins, se mêlent à nos rêves, nous inspirent des comportements, nous apprennent le courage, fabriquent des souvenirs... Pourquoi je filme ? Je filme, j'essaye de filmer parce que c'est ma façon particulière (et j'espère poétique) d'être en relation avec les autres et d'influencer leur imaginaire. Je filme aussi parce que le cinéma est cette drôle de machine qui me permet de voyager dans le temps et dans l'espace.

Nacho Carranza

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Entrevue avec Nacho Carranza
Marelle
Marelle
01/12/2003, Tournage