Cinergie.be

Aline de Valérie Lemercier

Publié le 02/11/2020 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Fiction librement inspirée de la vie de Céline Dion, Aline s’annonce comme un des temps forts d’une fin d’année amputée de ses traditionnels blockbusters américains. Une chance pour ce film écrit, réalisé et interprété par Valérie Lemercier, qui bénéficiera peut-être de l’absence de ces mastodontes pour toucher un public plus large que les simples fans de la star québécoise. Et c’est ce qu’on lui souhaite en toute franchise, car l’œuvre a, tout comme la chanteuse dont elle s’inspire, la force et le ton juste pour nous plonger dans son univers de strass et de paillettes.

Une qualité que l’on doit principalement à la première heure du film, qui nous plonge dans la jeunesse et l’ascension de la jeune Aline Dieu, quatorzième enfant de sa fratrie québécoise. Père et mère issus d’un milieu populaire, jeune prodige de la chanson mais assez médiocre en classe, les premières années de la carrière de Céline Dion sont du matériau qui fait les meilleurs mélodrames, ou les meilleures hagiographies.

Aline de Valérie Lemercier

Évitant l’écueil de la biographie linéaire et monotone, Valérie Lemercier réussit à tirer le meilleur de ces moments par la joie de vivre qu’elle insuffle à ses personnages, et par le ton cabotin et enjoué qu’elle adopte d'emblée. La comédie tendre et subtile de son scénario, les premiers instants de grâce de la jeune chanteuse, et la puissance de l'actrice métamorphosée pour l’occasion donnent à l’œuvre une énergie extrêmement communicative. Le casting rassemblé par la réalisatrice, acteurs aussi attendrissants qu’authentiques portés par la prestation flamboyante de Danielle Michaud, mère d'Aline, amène littéralement rires et chansons dans cette œuvre qui n’a pas peur d’aller dans le kitsch et le « bling bling ». En s’assumant complètement, jusque dans ses instants parodiques, le film se pose en hommage, sans complexes mais toujours honnête et bienveillant, à une star pleine de vitalité, sans tabous, fondamentalement humaine. 

Un film « feel good » qui, au-delà de son casting à l’écran, doit énormément aux voix choisies pour doubler les prestations vocales de la star. De la jeunesse d'Aline (voix : Emma Cerchi) à l’âge adulte (voix : Victoria Sio), ces actrices et chanteuses de plein droit donnent corps aux prestations scéniques de Valérie Lemercier lors des multiples passages de concert que comporte le film. Les non-initiés passeront peut-être leur chemin, mais à nouveau l’énergie du spectacle happe par l’efficacité de sa mise en scène, et la sincérité de son hommage. 

Aline de Valérie Lemercier

Dans l’évidente fascination pour son personnage, Aline veut peut-être trop en dire, tout dire, ou en tout cas dire beaucoup sur ce qui constitue les hauts et les bas de la carrière et de la vie de sa protagoniste. La seconde moitié du film en souffre un peu, mais est sauvé par son humour, par ses sursauts comiques, et par les prestations toujours attendrissantes de son casting. De jeune prodige, Aline/Céline devient chanteuse accomplie, professionnelle, aux multiples facettes pas toujours conciliables. Moins légendaire mais plus vrai peut-être, ce portrait néanmoins toujours sincère apporte une lecture de plus au film. Au-delà de la biographie, il dresse le portrait d’une héroïne moderne, d’une femme et d’une chanteuse populaire.

Avec Aline, Valérie Lemercier écrit, chante et filme son amour pour Céline Dion avec talent et justesse, et nous fait quitter la salle avec des étoiles plein les yeux. 

Tout à propos de: