Le court-métrage de Youri Orekhoff a gagné le prix Cinergie du festival Anima 2022. Cet étudiant de la Cambre délivre un témoignage puissant qui met en lumière le sentiment d’abandon et la colère de la génération Z. Au cours de la dernière décennie, les jeunes auront connu les attentats, la pandémie de covid-19 et désormais la guerre en Ukraine sur le sol européen. Balaclava pointe du doigt leur besoin de lâcher prise mais également la frustration et la colère qu’ils ont accumulées. Mention spéciale pour la bande son et le morceau I’m the One de Juliette Rens et Sasha Vovk du duo bruxellois Juicy qui colle parfaitement à l’action.
Balaclava de Youri Orekhoff
Réalisé en 2D digital à partir de dessins numériques, Balaclava raconte la soirée foireuse de deux meilleures amies. Tina et Nadia sont un peu paumées. Elles ressentent l’envie de se sentir vivre, de se faire remarquer. Elles décident de cambrioler un appartement pour passer le temps, mais elles comprennent rapidement que ce n’est pas leur tasse de thé.
À mesure que la soirée avance, ces deux jeunes filles s’approprient cet espace vide et disponible rien que pour elles. Tina et Nadia discutent, se confient, rigolent, dépriment. Bref, elles tentent juste de lâcher prise face aux innombrables règles qui régissent leurs vies et le monde qui les entoure. Les nombreux dialogues de Balaclava respirent l’authenticité et sont inspirés de discussions que ce jeune réalisateur a eues avec des amis au cours des derniers mois.
Les dessins des personnages sont minimalistes et légèrement déformés avec pour objectif d’apporter de la fluidité et de la spontanéité aux mouvements de caméras. Leurs couleurs particulièrement vives contrastent avec les décors entièrement noirs. L’esthétique et les looks adoptés renvoient aux clips de RnB. Tina et Nadia ont d’ailleurs un style urbain. Pantalon taille haute et sneakers pour une, minijupe et talons hauts pour l’autre. Avec leurs ongles longs comme des rasoirs et leurs cils remontés à l’eye liner, elles ont l’attirail parfait des petites rebelles au style hip hop. Malgré leur look m’as-tu vu et leurs cris de détresse répétés, ces deux jeunes filles se sentent complètement invisibles aux yeux des adultes de leur entourage et de la société.
Et c’est justement à travers cette mise en avant de l’invisibilisation de certaines catégories de population de l’espace public que Youri Orekhoff a réussi à réaliser un film au message universel touchant. Plusieurs études sociologiques récentes démontrent à ce propos que l’inégalité des genres dans l’espace public commence notamment par l’invisibilisation des femmes au sein de celui-ci.
Inspirant, fun, déjanté, subversif, Balaclava met donc en scène de manière ludique et délirante le ras-le-bol des jeunes face au déni de leurs besoins et aux mesures strictes imposées pour lutter contre la pandémie. Ce court métrage est une belle ode à l’importance de l’amitié, des liens sociaux et à l’amour des chats. Mais au fait, un balaclava, c’est quoi ? Il s’agit simplement des cagoules que les gangsters ou les forces spéciales mettent sur leurs têtes pour ne pas être reconnus et devenir invisibles.
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