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Caisses fermées, caisses ouvertes de Hugo Amoedo - EN VILLE!

Publié le 23/01/2024 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Critique

Divisé en deux parties distinctes, ce court métrage, filmé sur des bobines Super 8 achetées au studio Baxton de Bruxelles, consiste en une véritable immersion dans les méandres de l’esprit de deux Galiciens expatriés à Bruxelles. Très poétique et réflexif, il s’agit d’un petit bijou original et unique qui s’inscrit dans la plus pure tradition du cinéma expérimental. Les images et les voix de Xavier Queipo et du réalisateur Hugo Amoedo sont enivrantes et envoûtantes.

Caisses fermées, caisses ouvertes de Hugo Amoedo - EN VILLE!

La première partie, intitulée Caisses fermées, relate le deuil de la vie bruxelloise d’un homme ayant migré à Bruxelles pendant une trentaine d’années. Ce dernier rend hommage à son appartement et à cette ville qui l’a enivré durant toutes ces années. À haute voix, il retrace de manière poétique des fragments de vie dans notre capitale qu’il s’apprête à quitter pour toujours. Son retour en Galice marque la fin d’un âge révolu qu’il ne retrouvera plus. Il déclare sa flamme à Bruxelles. Il met en lumière à la fois les aspects les plus lumineux et les plus sombres de la ville. Il rend hommage à son appartement et aux objets qui lui ont permis de s’accomplir dans la vie en tant que biologiste et écrivain. Les images sont brutes, véritables et percutantes. Elles permettent au spectateur de pénétrer dans l’intimité de Xavier Queipo. Le réel est presque irréel.

La seconde partie du film, Caisses Ouvertes, raconte quant à elle les interrogations d’un jeune papa qui veut encore construire le récit de sa vie. Celui-ci s’émerveille devant son fils et les petites choses simples du quotidien. Ce père et cinéaste s’interroge sur ses choix passés, présents et futurs. Cet homme, c’est Hugo Amoedo, le réalisateur du film.

La magie de ce projet réside dans la simplicité des éléments de la vie qui sont montrés à l’écran. Ici, pas d’effets spéciaux ou de plans léchés comme dans la plupart des productions modernes. Des images brutes et simples filmées comme dans un passé pas si lointain sur le moment en super 8. Mises bout à bout, elles révèlent un véritable journal intime sur pellicule.

Caisses ouvertes, Caisses fermées trouve son originalité dans son ultra-réalisme. Cette manière de filmer n’est pas sans rappeler les films VHS que capturaient nos parents ou grands-parents à une époque où la caméra était dissociée du téléphone.

Certaines personnes pourraient considérer ce récit de vie comme banal, voire sans intérêt. Cependant, d'autres percevront le film comme un puissant discours philosophique sur le sens de la vie. Les questionnements de deux hommes venant d’un même endroit à des étapes de vie radicalement différentes sont exposés au grand public. Les lectures en espagnol des textes renforcent encore le propos de ces deux personnages si différents qui se sont expatriés sans savoir s’ils reviendraient un jour sur leurs terres natales de Galice. L’un y retourne, l’autre ne sait pas s’il rentrera un jour.

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