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Ciao bella Bruxelles de Berivan Binevsa

Publié le 15/12/2014 par Nastasja Caneve / Catégorie: Critique

Je recommence ma vie, Je suis né pour te connaître. Pour te nommer. Liberté. P. Éluard

Réalisatrice bruxelloise d'origine kurde, Berivan Binevsa n'en est pas à son premier essai. Après La mélodie du petit château, Phone Story et Sidewalk, cette jeune femme, diplômée de l'INRACI, présentera son dernier documentaire Ciao Bella Bruxelles le 6 décembre prochain au Festival Cinéma Méditerranéen. Profondément ancrée dans la société, Berivan a jeté son dévolu sur le cinéma pour s'exprimer, pour parler des minorités, des réfugiés politiques, des sans-papiers, des femmes. Dans Ciao Bella Bruxelles, elle dresse le portrait de trois militantes, trois révolutionnaires qui ne se contentent pas d'observer le monde qui les entoure, non, c'est le poing levé qu'elles crient "Liberté". 

Fariba, l'Iranienne, Meryem, la Turque, Zeynep, la Kurde, trois jeunes femmes qui se sont tues. Longtemps. Trop longtemps. Et qui, un jour, ont craqué. Basta. Obligées de se marier, d'arrêter leurs études, d'être de bonnes mères, elles s'insurgent aujourd'hui contre cette société patriarcale qui les a bâillonnées. Ce n'est pas seulement leurs communautés qu'elles défendent mais les femmes bafouées du monde entier. Armées de courage, elles expliquent, ne s'impatientent pas, écoutent, réconfortent, crient, respectent, s'engagent, se rebellent. Peu importe leurs motivations personnelles, elles unissent toutes leurs forces pour un monde meilleur.

Le documentaire commence, la voix de Leman Ulutas résonne. Et sa version de Bella Ciao est simplement magnifique. La musique s'empare de tes tripes, la voix te perd. D'abord fredonné par les mondine de la Plaine du Pô qui s'insurgeaient contre les conditions de travail difficiles, cet air a été repris par la suite pour la lutte antifasciste. Réutilisée, reprise, réinterprétée, cette chanson ponctue le film de Berivan et devient le cri de résistance de ces femmes invincibles.

Fariba Amarkhizi, Meryem Sasmaz et Zeynep Görgü sont à la fois touchantes et impressionnantes. Mères de famille, elles tentent de concilier leur devoir et leur lutte. Jamais elles ne tremblent ni ne fléchissent. Pendant que l'enfant dort dans la voiture, Zeynep crie et revendique ses droits. C'est avec force et courage qu'elles mettent en place cette journée de mobilisation pour les femmes violentées du monde entier à Bruxelles. Au programme: workshop, débat, concert. Unies pour l'égalité indépendamment des différences, des langues, des cultures.

Dans un monde où certaines ne peuvent plus s'exprimer, dans un monde où les traditions dictent les pensées et les vies, dans un monde où l'espoir s'éteint, trois bonnes fées agitent leur baguette et croient dur comme fer au changement. Ciao Bella Bruxelles est un véritable cri d'espoir, une bouteille à la mer lancée par Berivan Binevsa. Un documentaire à voir le 6 décembre prochain au Festival Cinéma Méditerranéen, la projection sera suivie d'un débat avec la réalisatrice et les protagonistes du film. 

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