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Constellations de Stéphanie Fortunato

Publié le 18/10/2023 par Dimitra Bouras / Catégorie: Critique

Filmé au cœur du Club Antonin Artaud, centre de jour pionnier dans la thérapie par l’art, le film Constellations nous fait entrer dans un monde de création. Ici, il n’y a aucune distinction entre « patients » et équipe encadrante. C’est un espace de liberté, où chacun peut à la fois être en lien avec les autres et essayer d’être soi-même. Immersion dans un lieu où créer est synonyme de réinvention.

Constellations de Stéphanie Fortunato

La réalisatrice, Stéphanie Fortunato, nous entraîne à la rencontre des artistes du lieu. Collage, composition musicale, peinture à l’encre, sculpture, mobiles, dessins, écriture, photo, gravure, tous les moyens sont admis pourvu qu’ils fassent du bien à l’artiste à l’œuvre. Même le crochet et la broderie ont leur utilité bienfaitrice. Mais l’apaisement des créateurs ne veut pas dire œuvres paisibles, que du contraire ! Certains dessins, argiles ou collages, déchirent de leurs cris de souffrance ou de colère. Cette grande maison blanche, à l’apparence froide, est traversée d’un escalier en colimaçon, un « escalier-arbre » qui unit les espaces et les gens, les créateurs en quête de vérité, de leur vérité, du sens de leur interprétation, de leur perception du monde.

On assiste pendant une heure à une exposition multiple, à la découverte d’une myriade d’œuvres présentées par les créateurs en cours de réalisation, une constellation de créations. C’est avec intérêt que la cinéaste part à la rencontre des artistes qu’elle nous fait découvrir, non pas avec leur douleur, mais avec leur bien-être. Elles et ils nous parlent du bien que leur procure l’acte de créer, de l’humour qu’on peut parfois y percevoir.

La grande maison blanche est autogérée, tout le monde prend soin de tout le monde, c’est pour cette raison que cela s’appelle un « club ».

Il a été créé en 1962, dans le sillage de l’antipsychiatrie, dans l’espoir de guérir le mal-être par l’écoute, la rencontre, l’expression, la recherche de sa singularité dans la collectivité. C’est ce qui en fait un lieu d’asile. Comme dans un orchestre symphonique, chaque musicien joue son instrument, sa musique, pour en faire un tout. L’art c’est le moyen de pousser les murs, de reconquérir quelques millimètres de liberté. Cette énergie qui traverse cette maison est la même depuis sa création et elle aspire à rester identique.

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