Au début des années 1950, Luc de Heusch, figure importante du documentaire et de la recherche scientifique en Belgique, part au Congo pour y filmer la vie d’un peuple, les Tetela, à l’occasion d’un événement particulier. Le guérisseur du village vient de décéder, laissant un vide immense derrière lui, un vide qui devient le sanctuaire d’une peine partagée. Alors que les funérailles approchent et que les préparatifs s’amorcent, les Tetela élisent un successeur.
Enterrement chez les Tetela, Luc de Heusch et Damien Mottier, 2021
Ce court-métrage nous vient de loin puisqu’il est passé entre plusieurs mains avant d’avoir la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Tout d’abord, Luc de Heusch s’est détourné de ses recherches anthropologiques avant d’aboutir à ce projet de film. Il a donc été entièrement monté par Damien Mottier à partir des rushs et des prises de son récupérés, notamment les commentaires qui accompagnent directement les images, expliquant les différents rituels funéraires et l’élection du nouveau guérisseur. Enfin, la restauration finale de cet objet a été assurée par CINEMATEK, grâce à des moyens qui permettent de retrouver l’authenticité du travail de Luc de Heusch. Lors de son voyage au Congo, ses intentions étaient à la fois artistiques et scientifiques. En tant qu’anthropologue, il cherchait à saisir l’essence des rites et des mythes de la société des Tetela, au moyen d’une enquête minutieuse et pragmatique, où sa caméra circule entre les personnes avec tact et discrétion. De cette manière, Luc de Heusch parvient à représenter les expressions de ces personnes partagées entre des sentiments contraires : les adieux au guide ultime, et la célébration de son successeur. Son travail est notamment marqué par la pudeur avec laquelle Luc de Heusch aborde une série de rituels auxquels il est étranger. Par ailleurs, la qualité des images est aussi saisissante que l’ambivalence des sentiments qu’elles cristallisent.