À l’heure où le cinéma hollywoodien semble coincé dans un surplace créatif jamais égalé, nous abreuvant de suites alimentaires et d’invraisemblables remakes (voire même de suites de… remakes), on pourrait, une fois n’est pas coutume, se tourner vers les Flandres, voir avec Firmin ce que son cinéma nous réserve, de manière plus exotique, oserions-nous dire.
Firmin de Dominique Deruddere
Axé sur le milieu de la boxe, Firmin est avant tout la transposition logique de "Chris and Co", une série de sketches à succès qui dure depuis près de dix ans au Nord du pays. Nom du personnage central, Firmin (Chris Van Den Durpel) campe un illustre ahuri grotesque, un peu simplet, ce qui est la clé de sa popularité. Mais en plus de l’humour qui le caractérise naturellement, le réalisateur Dominique Deruddere offre ici une dimension plus émotionnelle, voire plus tragique au personnage.
Ainsi, Firmin perd le championnat national en 1979, le jour où Germaine, celle qu’il aime, quitte la Belgique. Le cœur brisé, il rongera ensuite son frein, effectuant de petits boulots pour Freddy White (incarné par le Jan Decleir, héros de Daens), son ancien concurrent sportif… et sentimental. Or, près de trente ans plus tard, Germaine réapparaît. Son cœur n’est plus à reconquérir, mais Firmin, entre-temps viré par Freddy, s’entête. Il revient cette fois sur les rings en tant qu’entraîneur de Mohammed (Saïd Assissi, d’origine marocaine) affronter indirectement son ex-opposant, lui-même coach de la vedette du moment.
Tourné notamment au Spiroudôme de … Charleroi pour les impressionnantes scènes de combat, une ambiance électrique complète à merveille ces affrontements de sueurs. Car même si nous sommes loin des exploits répétitifs de Rocky (l’immortel!), la caméra offre des relents de grand cinéma, aidés par l’aspect tragi-comique du récit. S’il s’agit bien d’une comédie à la base, certains membres de l’équipe ont bel et bien pleuré…d'émotion lors du tournage!
Incarnation parfaite du star-system flamand, tous ses ingrédients étant présents, les concepteurs ne cachent pas que l’histoire de Firmin capte un groupe cible extrêmement large. Mais c’est une bonne image de la Flandre actuelle qui est ici palpable en permanence. Halte au racisme ambiant, halte à la vulgarité gratuite, que certains médias véhiculent parfois à outrance.
Nommé aux Oscars en 2000 pour Iedereen Beroemd ! (catégorie du Meilleur Film Étranger), Dominique Deruddere, après l’échec du pourtant valable Pour le plaisir, qui réunissait Samuel Le Bihan, Olivier Gourmet et François Berléand, se retrouve quelque part en sursis, et mise donc beaucoup sur cette production, dont le succès, toutefois, semble d’ores et déjà garanti au Nord du Pays. La notoriété du personnage, prouvée par 700.000 téléspectateurs réguliers, n’est plus à faire, et une large campagne publicitaire justifie le soutien du Conseil d’Administration du fonds audiovisuel flamand. La chaîne VT4 a d’ailleurs prévu une diffusion rapide du film, en trois parties. Vous parlez d’un projet ambitieux ?
Firmin : sortie le 14/02.