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Flow, de Gints Zilbalodis - 2024

Publié le 30/05/2024 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Ce n’est pas tous les jours qu’un long métrage d’animation, qui plus est coproduit par la Belgique, fait ses premiers pas sur les marches du Festival de Cannes. Pourtant, 2024 aura vu pas un, pas deux, mais trois de ces projets présentés au travers des différentes sélections du plus grand festival du monde. Parmi ces films, Flow a su se distinguer par son esthétique inattendue et son propos touchant et simple.

En amont du Festival d’Annecy, Cinergie a pu découvrir ce film coproduit par Take Five. Le film représente-t-il, comme l’espère un certain Guillermo del Toro, le futur du cinéma d’animation? Tentatives de réponse ici.

Flow, de Gints Zilbalodis - 2024

Avec Flow, le réalisateur letton Gints Zilbalodis signe un second long métrage puissant, après Ailleurs (2019) également présenté à Annecy. Au travers de ce récit, on suit les mésaventures d’un félin surpris par des inondations dantesques, qui se liera petit à petit d’amitié avec les différents animaux qu’il rencontre au cours de son périple au gré d’une navigation vers un espoir incertain. Dénué de paroles, Flow captive par la douceur de ses personnages, par l’expressivité que leur confère l’animation et par les facéties qui caractérisent chacun de ces protagonistes à plumes ou à poils, auxquels on s’identifie rapidement. Convoquant les univers vidéoludiques d’un autre temps et rappelant les grands jeux du studio Team Ico (Ico, Shadow of the Colossus et plus récemment The Last Guardian), ce film d’apparence simple se révèle comme une geste épique aux accents universels, mêlant décors grandioses et fantastiques et vestiges d’un monde onirique où l’humain n’est présent que par quelques traces monumentales et inhabitées. Dans ces vestiges engloutis, les animaux qui composent cette étrange équipée évoluent tels les survivants attendrissants d’une apocalypse biblique, parcourant les ambiances fascinantes créées par Zilbalodis et son équipe. Aux commandes tant de l’animation que de l’écriture, de la direction photographique et artistique et de la musique, Gints Zilbalodis est l’homme-orchestre de ces mondes bouleversés, dans lesquels il fait voyager son petit félin héroïque. Une épopée gigantesque et sublime dès les premiers instants que Zilbalodis installe au travers d’une partition digne des plus grandes odyssées du cinéma en collaboration avec le compositeur Rihards Zalupe. Avec des apothéoses audiovisuelles qui s’enchaînent, suscitant un émerveillement constant. Généreux, le film l’est assurément. Et par son propos universel de tolérance et d’entraide, il réussira sans aucun doute à convaincre le public autant qu’il a convaincu la presse et le milieu.

Au-delà de faire partie intégrante du futur de l’animation, Flow réussit avec brio à s’intégrer dans son présent, tout en puisant dans les grandes images de son passé. Une œuvre dont l’animation à la fois douce, réaliste et splendide se passe de mots sans aucune résistance. On ne peut qu’espérer que le film trouvera rapidement le chemin des salles obscures de Belgique et d’ailleurs, grâce à sa réussite dans les grands festivals internationaux.

 

Flow était à Cannes dans la sélection Un Certain Regard, et est actuellement en compétition au Festival d’Annecy 2024.

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