Une matinée de novembre comme les autres à Bruxelles. Le ciel pleurait à chaudes larmes, créant une symphonie hypnotique en frappant le pavé et noyant presque la place Flagey. A l’image du cinéma belge, de plus en plus ancré dans le paysage du cinéma européen et mondial, se dressait devant nous, brave et vaillant, l’ouvrage architectural aux allures maritimes de Joseph Diongre. C’est là, dans ce “Paquebot”, bâtiment d’inspiration Art déco tout de jaune ocre drapé, que réside le cœur vibrant de la promotion du cinéma belge à l’international. Là aussi que nous avons rencontré Hervé Le Phuez, directeur depuis maintenant plus de deux ans de Wallonie Bruxelles Images, après sa longue expérience à la tête de la programmation du Festival International du Film Francophone de Namur. C’est lui le capitaine du navire, qui nous rappelle rapidement que Wallonie Bruxelles Images, agence pour la promotion à l’international du cinéma et de l'audiovisuel de la Fédération Wallonie Bruxelles, fonctionne avant tout grâce à son équipage.
Hervé le Phuez - Directeur de Wallonie Bruxelles Images
Naviguant de festivals en festivals, de marchés de films en marchés de films, Hervé Le Phuez et son équipe ont pour objectif de présenter aux acteurs de l’industrie cinématographique mondiale le renouveau du cinéma belge, dont l’aura n’a jamais été aussi prégnante.
Et si était venu le temps d’une Nouvelle Vague du cinéma belge ? Après la prise du pouvoir par le rap belge de l’industrie musicale européenne, l’intérêt, la curiosité du monde pour ce 7e art Noir, Jaune, Belge est une réalité. Et peu importe le genre (ou presque) : cela concerne autant la fiction (Un Monde de Laura Wandel, Tengo sueños eléctricos de Valentina Maurel, Dalva de Emmanuelle Nicot), que le documentaire ou la série belge, poussée notamment par la RTBF. Délaissant seulement pour l’instant, à quelques exceptions près (Kinshasa Now de Marc-Henri Wajnberg ayant voyagé jusqu’à la Mostra en 2020), la réalité virtuelle. Dans ce patchwork de visages juvéniles qui prennent le pouvoir, une jeunesse ultra-créative qui est d’ailleurs un point de focus de Wallonie Bruxelles Images version Hervé Le Phuez, quelques voix ouvrent la voie. Delphine Girard avec Quittez la Nuit. Les frères Harpo Guit et Lenny Guit avec Fils de Plouc. Ou encore Baloji avec Augure, film belgo-congolais, qui de par ses qualités cinématographiques et à l’heure où la Belgique travaille à la reconnaissance de son passé colonial, coche toutes les cases pour représenter la Belgique aux Oscars et frapper un grand coup sur la scène internationale.
Car c’est bien le message que Wallonie Bruxelles Images veut faire passer : “L’union fait la force”. Et dans ce monde où il est plus que nécessaire de recréer du lien social, et où de nombreuses productions filmiques sont en fait des coproductions, Wallonie Bruxelles Images joue à fond la carte de la collaboration. Tout d’abord, de par son appartenance au réseau European Film Promotion, organisme qui regroupe 37 agences à l'échelle européenne et qui vise à partager des savoirs et des réalités européennes. Mais aussi en maximisant les ententes entre les différentes disciplines de Wallonie Bruxelles International : Wallonie-Bruxelles Architectures, Wallonie-Bruxelles Design Mode, Wallonie-Bruxelles Musiques, Wallonie-Bruxelles Théâtre Danse.
Pour Hervé Le Phuez aussi passionné d’architecture (le cinéma québécois, auquel il a consacré son mémoire de fin d’études qui donne une place importante à l’espace, le fascine) et de photographie, le cinéma est avant tout un art collaboratif. La parfaite fusion entre “la pulsion plastique qui veut arrêter les formes (peinture, architecture, sculpture) et la pulsion rythmique qui se développe dans le temps (musique, danse, poésie)” comme l’écrivait déjà, dans son Manifeste des sept arts en 1923, le critique italien Ricciotto Canudo. Une approche d’union et de partage que Hervé Le Phuez hisse comme un pavillon et qu’il compte bien défendre en voguant d’un événement à un autre.
