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IAD - promotion 2010

Publié le 09/07/2010 par Sarah Pialeprat / Catégorie: Critique

Tu feras du cinéma, mon fils !
Alors qu'en ce début d'été, les étudiants hésitent entre une bronzette coupable sur fond de coupe du monde et un enfermement silencieux avec leurs syllabi, d'autres, plus privilégiés peut-être, nous ont donné rendez-vous dans une salle obscure. Le 22 juin, le Cinémascope de Louvain-la-Neuve a accueilli, jury, acteurs, techniciens, professeurs et autres curieux venus découvrir, sur un écran digne de ce nom, les films de fin d'études des étudiants de l'Institut des Arts de Diffusion, autrement dit l'IAD.

IADC'est une foule qui s'est pressée mardi 22 juin pour assister à la projection des films de fin d'études de l'IAD, alors que dehors, le soleil daignait (enfin) se montrer. Au programme, dix courts métrages dont 7 fictions et 3 documentaires. Ajoutons aussi un onzième « film » de 6 minutes dans la section multimédia (no comment).
Si depuis quelques années, les réalisateurs aguerris ont tendance à jouer les prolongations (difficile de trouver un film de moins de 2h00), les futurs professionnels du cinéma semblent aussi suivre cette tendance, puisque les courts présentés dépassaient bien souvent les 20 minutes. Près de trois heures et demie de projection donc, parsemées ici et là de très jolies propositions.
Du côté de la fiction, l'humeur était plutôt morose. Le grand thème : la rupture. Ce sont les réalisatrices, exclusivement, qui nous ont asséné un véritable « serial divorced ». La gente féminine aurait-elle donc perdu toutes ses illusions ? Une jeune femme cherchant à faire le deuil de son premier amour ici, une mère abandonnée au bord de l’abîme là… Ya de l’joie !

IAD je ferai bataillePour autant, quelques projets ont su toucher juste et émouvoir, comme le très beau Pour toi je ferai bataille, titre tout droit sorti d'une chanson militaire. Toi, dans la chanson, c'est la France pour qui les commandos ont choisi de se battre (France, Oh ma France très belle - Pour toi je ferai bataille, Je quitterai père et mère, Sans espoir de les revoir jamais).  Toi, dans le film, c'est l'amour blessé de la jeune Ana, qui après une rupture douloureuse, décide de s'engager dans l'armée.
Immergée dans cette discipline absurde, suivant docilement des ordres la plupart du temps ineptes, Ana, peu à peu, retrouve le sourire, se lie avec ces filles qui, comme elle, ont décidé de changer radicalement de vie. Loin de faire l'apologie de l'armée, le film de Rachel Lang, dans sa douce fragilité, est avant tout l’histoire d’une femme qui cherche sa place, et essaie tant bien que mal de se reconstruire.
Côté rupture encore, Celia Dessardo avec Ce qui tient, plongeait sa caméra dans l'intimité d'une famille en déliquescence. Vincent, le père, en aime une autre : « une femme aux cheveux rouges », précise la petite Manon à sa grande sœur.
Le film, lui, tient tout entier sur une remarquable performance d'acteurs et des ruptures de ton entre dialogues qui semblent improvisés sur un rythme tonitruant et un bouleversant monologue de tragédie. Ce parti pris audacieux et pertinent, se trouvait malheureusement gâché par une prise de son épouvantable.
Les cinéastes du sexe opposé, eux, se sont tournés vers un autre sujet, celui de la vieillesse. Avec Tangente, Hugo Bousquet faisait preuve d’une réelle originalité. Fantômes, transmission, rites de passage, le tout sur une bande son magnifique qui renforçait encore le côté étrange et onirique d’un univers déjà très personnel.
Quant à Jonas D'Adesky, son film, Nuit Blanche abordait avec adresse des thèmes aussi délicats que la perte de mémoire et l’impossibilité du deuil en jouant entre ombre et lumière, pour faire se confronter violemment passé et présent, oubli et souvenirs.
Sur dix travaux de fiction, deux « joyeux drilles » ont osé la comédie... exercice pour le moins difficile à en juger par les deux films sans finesse et aux gags (oh combien) éculés que ces deux étudiants nous ont infligé. Le rire, hélas, a fait ici place à la peine.
Côté documentaire, section visiblement moins prisée, Stanislas Zambeaux s’est rendu au Burkina-Faso pour tourner Dare Waté Yacouba en partenariat avec l’école ISIS (Institut Supérieur de l’Image et du Son) de Ouagadougou.

pêle-mêleMaëlle Grand Bossi, elle, n’a pas eu à prendre l'avion pour dénicher l’exotisme, elle a simplement poussé la porte de la célèbre bouquinerie de Bruxelles, Pêle Mêle, ouvrant ainsi un monde des plus extravagants ! De l’autodidacte passionné d’éditions rares (inoubliable personnage), au fouilleur de sacs-poubelles revendant chaque jour ses trouvailles, en passant par le collectionneur de livres sur Jean Gabin, on suit, avec le sourire, ces Bruxellois pas comme les autres. Le documentaire, un peu déséquilibré dans le suivi de ses protagonistes, offrait néanmoins de petits moments rares et précieux.

Loren Claessens a suivi Julien Thimster dans sa fièvre du jeu pour Joueur Hors catégorie. Dès le départ, la qualité de la voix off surprend. Entre documentaire et fiction, le réalisateur nous conduit au casino, jouant lui aussi carte sur table. Dans la vie, il y a les perdants, et il y a les gagnants, et ce sont souvent les mêmes… Loren Claessens, lui, tourne autour de ces joueurs, et filme les parties de poker avec un suspens haletant. Ralentis, flous, gros plans sur les regards… Difficile pour le spectateur de ne pas se prendre au jeu. Un fan de Scorsese assurément.

Fictions

L’exposition d’Alizée Honoré

Pour toi je ferai bataille de Rachel Lang

Ce qui tient de Celia Dessardo

Tangente de Hugo Bosquet

Nuit blanche de Jonas D’Adesky

Fantaisies et modes d’emploi de Pierre-Yves Watour

Route 66 de Romu Voye

Documentaires

Pêle-Mêle de Maëlle Grand Bossi

Dare Waté Yacouba de Stanislas Zambeaux

Joueur Hors catégorie de Loren Claessens

Multimédia

Chrysalide de Caroline De Decker et Laureline Silan

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