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J'ai mal à ma maternité de Marie Betbèze

Publié le 09/05/2019 par Serge Meurant / Catégorie: Critique

La souffrance maternelle est le plus souvent muette, en tout cas elle est loin d'être évidente » écrit le docteur Jean-Marie Delassus, dans son livre Le sens de la maternité.
Les femmes la dissimulent par honte de ne pas être comme tout le monde, par crainte qu'on ne les juge, par peur qu'on intervienne dans la relation avec leur enfant et qu'on ne l'enlève, et encore par désespoir de n'être pas à la hauteur de leur idéal de mère.

J'ai mal à ma maternité de Marie Betbèze

On n'imagine pas combien cette souffrance est répandue ni, surtout, combien elle est cruelle.
La cinéaste Marie Bethèse a filmé les témoignages de cinq jeunes mères qui racontent leurs angoisses à la naissance de leur enfant, leur solitude, l'état de dépression dans lequel elles se retrouvent après leur accouchement.
On ne connaîtra que peu de choses d'elles et elles pourraient apparaître comme autant de cas de la description qui est faite de leur état dans le livre cité ci-dessus.
L'une éprouve de l'angoisse devant un petit être inconnu. Elle lui avait parlé tout au long de sa grossesse, mais elle découvre à sa naissance qu'il est différent.
Une autre encore se rend compte, en salle de travail, qu'elle n'avait pas envie d'avoir un bébé et de s'en occuper.
Ce sont là des pensées inavouables, qui s'accompagnent de sentiments de culpabilité et parfois du désir de mettre fin à ses jours.
L'impossibilité d'allaiter son enfant, le sentiment d'être enfermée, immobilisée dans l'étreinte du bébé, la crainte d'être aspirée par son regard ont aussi pour cause l'épuisement des mères, les troubles du sommeil, l'impossibilité de rester seules avec leur enfant.
Tous ces témoignages aident le spectateur à comprendre qu'il s'agit là d'une forme de dépression post partum, en aucun cas de folie .
Ce documentaire aurait peut-être pu être situé dans un contexte plus large, avec quelques références par exemple aux travaux de l'unité de maternologie que dirige Jean-Marie Delassus du secteur de pédopsychiatrie de Versailles. Mais sans doute est-ce un film destiné à être accompagné et présenté de vive voix par sa réalisatrice ou tout autre personne sensibilisée à la question.

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