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Kipkap de Arno Pluquet

Publié le 07/09/2022 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Désormais un habitué du BIFFF, Arno Pluquet revient avec Kipkap, une nouvelle production et un hommage totalement assumé à C’est arrivé près de chez vous. Devant les transats d’un Ciné3 bien rempli, il a présenté cet OVNI belge qui n’aurait pu naître qu’ici, il faut bien le dire.

Kipkap de Arno Pluquet

Un long tunnel, un homme marche, filmé de loin par une caméra qu’on n’identifie pas encore. Soudain, une ombre surgit, empoigne l’homme, et l’abat de sang froid. Elle court vers nous, et apparaît soudain Joe, celui qui sera le protagoniste de notre film. Car, vous l’aurez compris - ou pas d’ailleurs -, nous sommes en présence d’une équipe de tournage qui, à l’instar de celle embarquée 30 ans plus tôt aux côtés de Benoît “Ben” Poelvoorde, va suivre les méfaits d’un énergumène bien loin des codes de la société contemporaine. Joe, lui son truc, c’est les aliens. Et il en est persuadé, ceux-ci sont déjà parmi nous. Une excuse parfaite pour assouvir ses pulsions meurtrières, au grand dam de Gérard le cinéaste, de Mathieu son caméraman et d’Arnaud, le taciturne preneur de son. S’enchaînent ainsi les meurtres plus ou moins originaux, et les séquences de “comment découper un cadavre à la mode de chez nous. Sans singer bêtement C’est arrivé près de chez vous, le réalisateur Arno Pluquet propose une plongée sombre et trash dans la psychose de son personnage principal, qui n’a d’autre choix pour survivre à ses traumatismes que de tuer, tuer, et encore tuer. En en profitant, au passage, pour critiquer vertement notre société capitaliste, où le culte de l’apparence et le déni climatique rongent sans relâche l’espérance de vie de notre monde moderne. Sans pour autant se départir de l’humour trash qui lui colle à la peau depuis son premier film, et que l’on retrouvait également dans L’Odyssée sanglante du lapin rose, présenté l’année dernière au BIFFF.

Pour le néophyte ou le spectateur non-préparé, il faut dès lors beaucoup de second degré - tout comme son c’était le cas à la vision de son prédécesseur - pour supporter les élucubrations de Joe, ce qui ne sera peut-être pas du goût de tous. Pour celles et ceux qui se laisseront emporter, vous serez récompensés par de très sympathiques séquences, et par un final grotesque illuminé par la présence de la maman de Joe, interprétée par Saskia Serru. Parfait pendant à Christophe Jasinski, on ne peut que regretter que le duo ne se forme pas plus tôt dans le film, car l’énergie qu’il dégage est - on peut le dire - la meilleure trouvaille de ce Kipkap. On espère pouvoir peut-être les retrouver dans d’autres productions, et pourquoi pas chantées d’ailleurs? Mais cessons les spoils. Guettez les prochaines projections de cette oeuvre atypique, qui ne trouvera pas forcément sa place dans les circuits traditionnels mais réussira sans aucun doute à vous séduire, pourvu que vous soyez fans d’humour noir à la belge. C'est-à-dire, frites à part, et avec quelques tranches de tête pressée en apéro. Qui a dit qu’une bière ne pouvait pas constituer un bon petit déjeuner d’ailleurs?

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