“Maman, tu vas devenir Amazone. Une femme qui s’est enlevé le sein et est devenue une guerrière.” Par ces mots, pétris de réconfort, mais aussi d’une violente force de vie, Émilie Maréchal s’adresse à sa mère, et à travers elle, à celles qui luttent et choisissent la résilience.
L’Amazone, de Emilie Maréchal & Camille Meynard

Dans L’Amazone, portrait intime d’une mère et de sa fille dans une famille où depuis quatre générations les femmes sont atteintes par le cancer du sein, Emilie Maréchal et Camille Meynard mettent à l’écran une histoire d’amour, de partage, d’échange et de parole.
Filmer la parole, une manière pour les réalisatrices de documenter cette vie avec et cette vie sans, cette vie après le diagnostic et au travers des péripéties qui sont celles de cette femme, mais aussi pour révéler, montrer, ouvrir le dialogue. Au travers d’images douces, de voix bienveillantes et d’archives mises en parallèle avec les réalités du présent, les cinéastes tissent une fable douce d’accompagnement et d’amour. Un film d’amour qui passe aussi par l’amour du geste, l’amour du corps, et le respect que la caméra pose sur ces corps jeunes et vieux avec beaucoup de tendresse, sans défaitisme et sans misérabilisme aucun.
Dans un récit où l’on pourrait croire que tout est couru d’avance, les cinéastes et la protagoniste partagent, échangent, parlent, déploient ce flot de paroles et de vérités, peut-être pour conjurer le passé criblé de silences dont a été victime – tout comme sa sœur aînée – la mère de Patricia, décédée d’un cancer du sein également, mais sans en faire part à ses filles.
Briser le tabou de la mort, briser la peur des inconnues et des diagnostics tantôt positifs, tantôt négatifs, pour capter le vrai, la vie, celle qui continue malgré tout, par l’énergie de Patricia et l’impulsion du film, porté par ses réalisatrices.
“Comment rendre un peu de ce que tu donnes?”, glisse au détour d’une conversation la co-cinéaste Émilie Maréchal à sa mère. Par ce film, par ce procédé filmique, il est indéniable qu’elles contribuent à renforcer cette énergie, par l’écoute et le partage tantôt capté, tantôt déclenché par le processus du documentaire.
Au travers de ce récit, nous sommes témoins confidents et non voyeurs de la touchante relation entre les deux femmes, se témoignant elles-mêmes tendresse et réconfort dans ce parcours de vie et de résilience. Un film puissant à la fois individuel et collectif, entre pratique artistique et plongée dans une relation d’une profonde humanité.
L’Amazone sera projeté au festival Millenium le 29 mars, dans le cadre de la compétition belge du festival où le film est sélectionné. Le documentaire avait précédemment été présenté au FIFF Namur, où il a remporté le Prix Pari d’Agnès, prix de l'imaginaire égalitaire, décerné à l'auteur·rice dont le premier long métrage témoigne d'un regard original et novateur. Ce prix est le fruit de la rencontre entre « Elles font des films » et « ¡Ya! ».