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L’Assureur d'Antoine van Antoine van Scherpenzeel, une autoproduction exceptionnelle

Publié le 15/10/2021 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

 Après plusieurs courts-métrages, le réalisateur Antoine van Scherpenzeel s’est lancé dans l’aventure du long. Avec l’Assureur, il délivre un polar haletant presque entièrement autoproduit. Porté par Jeanne Abraham et Christophe Barnier dans les premiers rôles, le film raconte l’histoire de Fleur, une jeune femme agent des fraudes qui se retrouve embarquée malgré elle dans une affaire peu conventionnelle afin de sauver un innocent.

 
L’Assureur d'Antoine van Antoine van Scherpenzeel, une autoproduction exceptionnelle

Dès les premières séquences du film, le réalisateur nous plonge dans un univers teinté d’humour et en prise directe avec la réalité d’une femme qui se bat pour faire passer ses idées et ses projets. Fleur raconte tout d’abord l’arrestation fantasmée d’un fraudeur, une arrestation en grande pompe, qui détonne directement avec le retour au réel et son quotidien et dont l’arrestation imaginée n’est en réalité qu’une simple procédure sans événement. Se rêvant sauveuse et justicière, la dramaturgie déployée la renvoie immédiatement face à elle-même. Le film bascule alors dans la morosité et l’ordinaire des vies, et travaille en profondeur le clivage entre « ce qui est » et ce qui « pourrait être ». Car Fleur, la protagoniste du film, jouée par Jeanne Abraham, a intégré une agence depuis un an, mais se voit constamment refouler par son patron qui l’oblige, avec un discours paternaliste, à s’associer avec Christian, un ancien employé de l’agence qui a perdu sa femme et dont la fille est en prison. Si le film évolue principalement autour de la relation naissante entre Fleur et Christian, comparable à une relation entre un père et sa fille, donnant une dimension intime et humaine à ce polar, c’est sans aucun doute l’évolution du personnage de Fleur face au monde qui alimente toutes les intrigues et semble concentrer à elle seule tout le discours de l’Assureur.

Outre le pari réussit d’avoir réalisé un long-métrage de fiction autoproduit qui tient la route, le réalisateur Antoine van Scheperzeel manie, avec adresse humour, un scénario et parvient à dépasser les stéréotypes de genre en questionnant d’emblée la place de la femme au sein d’un espace de travail masculin.

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