L’heure bleue de Alice De Vestele et Michaël Bier
L’heure bleue c’est presque la mort de la journée, la naissance de la nuit, l’entre deux. L’instant où irrémédiablement la lumière disparaît passant par le bleu pour se laisser envahir par le noir. L’instant où la vie disparaît. Celui aussi où un nouveau souffle devient nécessaire.
Eloïse en est là, la trentaine, infirmière en soins palliatifs à domicile, avec ce bleu à l’âme face aux gens qui s’en vont. Avec le bleu à l’âme face à elle-même en déséquilibre, en besoin de décompression, de présence humaine même si elle n’est que de façade. Elle navigue à vue vers toutes ces nuits qui s’annoncent et lorsqu’une patiente de sa génération en atteint une, elle craque.
Loin du parfum homonyme de Guerlain et de sa volupté, Eloïse affronte l’état brut du départ sans retour en se dispersant à la petite cuillère ne sachant comment dompter ses propres émotions, sa culpabilité d’être bien vivante mais dans le désordre. L’essentiel n’est pas loin d’elle encore faut-il l’agripper. Qu’en est-il de nos rêves quand à l’aube de la vrai vie on s’en va sans le vouloir ? Comment y vole-t-on ? Les bras élancés à la manière des branches en V de l’éclairage urbain ?
Alors quand on est là…surtout ne pas tomber.
Grand Prix du Jury , Festival Le court en dit long, Paris 2010
Prix TV5 Monde et prix d’interprétation féminine Brussels short film festival
Illustration Gwendoline Clossais