Quand le tango vous fait chanter
Souvent, je me demande quels sont les composants de la poudre de Perlimpinpin qui font que 30 à 50 personnes se concentrent, écoutent attentivement, notent, agissent, bref, travaillent consciencieusement sans compter leurs heures, ne laissant rien au hasard, dans une atmosphère où le plaisir du travail bien fait est palpable.
Samedi dernier, en franchissant les portes du Centre Culturel de Schaerbeek, et en découvrant la grande salle d'accueil, fraîchement repeinte de rouge vermeil et de noir mat, un cercle de rails délimitant l'espace, des HMI diffusant une lumière tamisée, des éclairagistes ajustant la couleur de la lumière dans des gélatines orangées, le preneur de son et l'assistant vérifiant les micros, les diffuseurs de musique, les câbles, le chef op' vérifiant la caméra, le cadreur marquant ses repères..., tout ce grouillement autour du réalisateur, pour quelques centimètres de pellicules sauvés des rushs, m'a laissée sans voix. J'ai ressenti, moi aussi, cette grâce qui vous enveloppe, qui accélère la respiration, qui fait résonner les battements du cœur dans les tympans et fait tressaillir le derme sous le tissu. J'ai compris en voyant Diego Martinez Vignatti et son équipe mettre la dernière main à la préparation du plateau sur lequel allait se tourner la scène de milonga, que lorsqu'on a goûté à cette saveur, on est prêt à tout pour la sentir à nouveau couler dans son sang ! Si la couleur du fluide d'un plateau de cinéma détermine le film qui en résultera, nous pouvons affirmer sans nous tromper que La Chanteuse de tango de Diego Martinez Vignatti avec Eugenia Ramirez Miori dans le rôle principal sera une réalisation tendre, chaleureuse et mélancolique comme un air de Carlos Gardel.