La Chanson-Chanson de Xavier Diskeuve
Xavier Diskeuve prouve avec ce court métrage totalement autoproduit que des miracles sont encore possibles dans le petit monde du cinéma belge. Sans aide financière, il s'arme de courage et d'abnégation et termine en vidéo un film qui tient la route avec des accents de comédie, de série noire et une bonne dose de pittoresque. À force de persuasion, Xavier Diskeuve réussira même à rendre son film exploitable dans les salles de cinéma grâce à un gonflage en 35mm. Avec une seule copie en pellicule, le film devient rapidement une rareté que son réalisateur va devoir prudemment promener de festival en festival. Un autre miracle pense-t-il. Montréal, Marrakech, Gand, Namur... , plus d'une dizaine de lieux lui ouvrent les portes. Et à l'heure où je vous écris, il sera le premier film belge diffusé par une plate-forme québécoise de diffusion du court sur le net.Il y a là une belle leçon à tirer pour ceux qui veulent se lancer. Pour ce premier film, Xavier tire sa substance de sa nouvelle « Pascal Sevran » qui obtint le prix Polar de la RTBF. Walter Molitor est un jeune gars asthmatique qui aurait pu gagner des gallons à la Star Académy mais voilà. Il n'est "que" chanteur de fancy-fair et plus habituellement speaker dans un supermarché. Il connaît presque par coeur toutes les promos du jour et aussi les programmes d'un certain Hervé Chanson "Sevran" qui officie à France-Télévision avec son émission "La Chanson-chanson".
C'est là que se trouve tout l'espoir de Walter. Il y envoie une cassette démo de ses créations.. Il veut à tout prix accomplir son rêve et devenir une star. L'invitation arrive... Mais Paris est une ville bien lointaine. Alors s'armant de son vélo, il retourne auprès de sa famille plus accro à la terre et à son labour qu'à la chansonnette dans l'espoir d'y trouver un conducteur qui l'emmènera vers son nouveau destin. Jacques, son cousin, est désigné d'office et se plie à cette corvée d'une grâce très taciturne. Bref, le duo s'envole au pas d'escargot vers la Ville Lumière avec la voiture familiale, ancien poulailler puant à la dérive. Il n'y a naturellement rien de mieux que pour attirer l'attention de douaniers quelque peu taquins. Passées les vérifications et autres fouilles d'usage, le voyage se poursuit mais l'incident fait monter la tension entre Walter et Jacques. Ce type-là que l'on prenait pour le plus pur des innocents va s'avérer avoir lui aussi quelques ambitions. Arrivés à Paris, Walter décide de se changer et de rafraîchir sa présentation. Dans un magasin, à l'abri des regards, il trouve une cabine de douche parfaite pour la transformation. Soudain c'est la chute... Assis sur un banc juste à côté, Jacques a tout entendu...
Illustration de Gwendoline Clossais