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La disparition de Tom R  

Publié le 13/12/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Paul Sirague (Pablo Guarise), le réalisateur du film Une chambre en Pologne, revient au Fiff avec un docu-fiction étonnant. Sous une narration a priori classique, le réalisateur parvient à emmener son film vers une succession de portraits en jouant sur la question de la place du cinéma.

Le film raconte l’histoire d’une équipe de cinéma qui tente de démêler le mystère suite à la disparition de Tom R survenue le 22 mars 1997. 

« Soit rien, presque rien… de ces choses, il n’y a rien à dire ». La voix off ancre le film dans une forme ambiguë. Elle désigne des choses d’une part, atteste de leur présence et existence, mais sème une incertitude. Cette voix tente d’aller au-delà du regard, de sonder et d’élargir l’évidente constatation que ces choses sont bien des choses qui correspondent à ce qu'on attend d’elles. Cette enquête cinématographique à la recherche d’un fameux Tom R (un Tom Ripley belge ?) est un prétexte finement élaboré par le réalisateur afin de faire un grand état des lieux des choses qui composent le quotidien et nous entourent : portes, rues, estaminet, vieil hôtel de gare. Le film glisse alors dans une succession de portraits entre imaginaire, documentaire et fiction, qui révèle une réflexion sur le film en train de se faire. Le mélange des matériaux filmiques, du noir et blanc et de la couleur, du dispositif dévoilé par le clap, les mains, la présence de l’équipe, appuient cette volonté de jouer sur la frontière perméable entre documentaire et fiction et fait du « cinéma » le personnage principal du film.

La disparition de Tom R de Paul Sirague 

Car dans ce docu-fiction, le réalisateur s’intéresse au détail, au petit. Un film fait de traces, dans lequel l’enquête ouvre vers une divagation sur les choses et un discours sur le monde. Et la disparition est aussi tangible que toutes les choses qui nous entourent. 

Finalement, dans une incertitude générale, La disparition de Tom R entrechoque les genres et fait émerger en dernière instance, au creux de la disparition, une histoire d’amour perdue, peut-être imaginaire, dans une enquête qui révèle les coulisses de la fabrique du film. 

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