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La Fille de la haute dune de Eric Stofkooper

Publié le 01/11/1998 par Théo Salina / Catégorie: Critique

Pas de doute, plus que Derrick, c'est l'inquiétante étrangeté de Thomas Owen qu'on retrouve dans les images glacées de ce cauchemar éveillé. Et comme l'illustre écrivain, la Fille de la haute dune fait figure d'exception, dans un panorama du polar belge presque aussi désert que la mer du Nord en saison morte.

La Fille de la haute dune de Eric Stofkooper

Sous son imperméable, la trop belle inconnue (Alexandra Vandernoot) était nue : "Je veux vous sentir en moi, très fort !" Diable : 100% chair ! Ils ne seraient pas légion à rester de marbre.

Et surtout pas Philippe (Jean-Paul Comart) : "Vous m'êtes très sympathique !". Peut-être trop sûr de lui, ce dragueur impénitent sort plus cynique que jamais d'un réveillon de Nouvel-An plutôt glauque, passé seul à déguster du homard pour deux, du champagne au goulot et les émissions télé en boucle. Alors, dans l'atmosphère trouble des lendemains de fête, quand la mystérieuse blonde aux mains rouges le regarde fixement, il n'entend que les palpitations de son froc, et la suit sans frémir dans l'aube pâle, à travers les dunes brumeuses. Nulle âme qui vive, dans ce paysage de désolation. Pas plus que dans les yeux vagues et trop clairs de la sphynge taiseuse... Le petit numéro semble bien rodé, et la veuve noire bientôt comblée : oh oui, oh ouiii ! Mais tandis qu'au fond d'une villa abandonnée, elle débride ses ardeurs animales et crie davantage qu'elle gémit, à l'autre bout du lit, un mannequin de cire détourne ses yeux vides de la bête à deux dos...

Dédoublement de schizophrène ? Univers mental déshumanisé d'un baiseur sans vergogne ? Transi, Philippe se réveille et quitte au plus vite l'envoûtante demeure où, cinq ans auparavant, furent trouvés les cadavres de deux femmes. Si le polar rejoint le fantastique, inutile de dire que le meurtre reste inexpliqué.

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