La Terre ou le ciel de Françoise Dupal

Dans un cimetière, le quartier des enfants morts. Une petite croix en bois nous laisse découvrir une nouvelle détresse. Des fleurs blanches ornent un monticule de terre devant lequel une femme s’apprête à prendre des photos avec un ancien appareil argentique. Un peu plus loin, un jeune garçon d’une dizaine d’années se promène, regarde les autres tombes et joue avec un vieux tigre en peluche. Il se rapproche de la femme, mais elle ne lui prête aucune véritable attention. 

Chez eux, mère et fils ont une relation aussi froide que le décor qui les entoure. Lui tente bien un geste ou l’autre, mais sa mère reste désespérément lointaine de ses tentatives de nouer le contact. On peut comprendre qu’avec la perte d’un enfant vraisemblablement gravement prématuré, elle ne parvient pas à renouer avec celui qui vit avec elle. Sans père sur lequel se reposer, sans homme pour trouver ses repères, le gamin ne peut que compter sur sa mère… psychologiquement absente. Elle s’obstine avec concentration et intériorisation dans ce qui finit par devenir une exposition.

Alors que son fiston réclame à nouveau son attention et s’intéresse à ce qu’elle fait, elle lui met froidement un paquet de beurre dans les mains et lui confie que ce qu’il tient a le poids de sa petite sœur à la naissance. Il lâche alors la motte de beurre qui s’écrase au sol et s’enfuit de la pièce. Comment faire pour remettre en phase vie et deuil en cours ?