Le Marcheur de Frédéric Hainaut

Animateur au sein de Camera etc., conférencier en charge du cours de Cinéma d'animation à l'Ecole Supérieure des Arts St-Luc à Liège, Frédéric Hainaut n'en est pas à son premier coup d'essai. En 2015, avec Un Homme sans, il trace le parcours d'un cyclo-voyageur qui vagabonde pendant plusieurs mois à travers l'Afrique. Il reprend l'idée de la marche, des pérégrinations dans son dernier film produit par Caméra etc.
Avec Le Marcheur, le réalisateur belge questionne les conditions de travail exécrables d'un employé dans une usine aviaire. Le protagoniste pète les plombs après saturation et se réfugie auprès des indignés. Il se lie avec Miguel après une manifestation qui tourne mal. Le marcheur est un errant entre ici et là, entre hier et aujourd'hui, un marginal tentant vaille que vaille de trouver une place dans le monde.
Pour relater le parcours de cet homme, Frédéric Hainaut opte pour la cryptokinographie, technique d'animation particulière qui utilise des dessins aux traits simples et inachevés dont les motifs se révèlent par l'animation des images. Un choix d'animation particulier qui renvoie aux contours flous du protagoniste, du contexte dans lequel il évolue, des gens qu'il rencontre. Un marcheur cryptographique qui ne trouve du sens qu'en étant en mouvement permanent.
Et puis, il y a cette bande sonore mêlant la voix off grave et répétitive qui raconte l'histoire de ce marcheur de tous les temps, les bruissements d'ailes, les gloussements morbides des poules et la musique oppressante et électrisante de Mathieu Labaye qui suit les pas de son marcheur, comme un métronome.
Un petit bijou d'animation qui parle de nous en tu, audacieux dans sa forme, dur dans sa forme. Le Marcheur est un poème, une ode à la liberté.