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Les Dormants de Pierre-Yves Vandeweerd

Publié le 25/02/2010 par Dimitra Bouras / Catégorie: Critique

Dormir pour mieux sentir

L'échassier qui danse dans le vent, sur l'affiche des Dormants, est le rêve d'une femme amoureuse endormie dans l'attente du retour de son bien-aimé. Son désir d'éternité l'a transformée en un épouvantail gracieux, d'une beauté enchanteresse.

Le récit de Pierre-Yves Vandeweerd caresse cet invisible état d'entre-deux et nous emporte dans sa quête du monde dans lequel se réfugient ceux qui se trouvent à la frontière de la vie. Pour l'atteindre, le réalisateur propose d'entrer dans un état de contemplation, dans un rythme hors du temps, où le regard se plisse sur des icônes rarement expliquées. Les Dormants, la dernière réalisation du poète documentariste, part du désir de garder le souvenir d'un être cher; une grand-mère, qui lui a prodigué, on imagine, tendresse et affection, qui s'en allait sur la pointe des pieds, l'esprit tourné vers son intérieur, coupant petit à petit les fils qui la retenait au monde des vivants. A ses côtés, naissait et grandissait son arrière-petite fille, celle qui sortait des limbes de la petite-enfance, celle qui avait encore besoin de mettre des distances entre elle et l'extérieur avant d'appréhender le vaste monde qui l'entoure. Ces deux êtres, situés sur les extrémités de la ligne de vie, vivaient, curieusement, dans le même état. L'œil ému de Pierre-Yves Vandeweerd, le troisième sommet du triangle, l'a capté. Les Dormants est un film à quatre temps; il part sur une note en sourdine où l'intime est livré avec beaucoup de pudeur pour atteindre, à travers le monde, des univers où des êtres entrent dans les parenthèses du sommeil pour mieux se réveiller à la vie. Les Dormants est a découvrir à Flagey, dès le 19 octobre. Une expérience sensorielle où l'image et le son se conjuguent dans le réenchantement du réel.

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