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Logger de Steffen Geypens

Publié le 30/09/2022 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Critique

Responsable de la postproduction de plusieurs longs métrages à la renommée mondiale pour la société belge Caviar, Steffen Geypens est également réalisateur avec à son actif trois courts-métrages et désormais un long métrage, Logger, diffusé au BIFFF 2022. Ce film d’horreur psychologique d’une heure plonge le spectateur dans les méandres de l’esprit d’un bucheron à l’esprit troublé. En postproduction actuellement, son deuxième long métrage, Noise, est produit par Caviar pour Netflix.

Logger de Steffen Geypens

Alors que le premier court métrage de Steffen Geypens, Hold Back (2015) est dans la lignée des œuvres de Gus Van Sant, le suivant Silent Campine (2018) prend la forme d’un western se déroulant dans les campagnes flamandes. Ce n’est que lors de son troisième et dernier court métrage que ce réalisateur flamand a abordé le cinéma de genre avec un projet qui mêle fantasy et horreur. Bos (2019) a d’ailleurs fait partie de la sélection du BIFFF 2021 qui s’est déroulé online à cause de la crise sanitaire. Il est disponible en entier et en en accès libre sur la plateforme Youtube du Scream Fest Los Angeles.

Diplômé en tant que réalisateur de l’Académie Royale des Beaux-arts de Gand (KASK) en 2003, Steffen Geypens a très rapidement travaillé dans la postproduction pour Corsan. Cette première expérience lui a permis de travailler sur des films comme The Devil’s Double (2011) de Lee Tamahori. Passionné par les ambiances et les effets sonores, Logger (2021) a bénéficié d’une attention particulière à ce niveau et le résultat est vraiment de très bonne qualité avec une tension qui dépend en grande partie de l’environnement sonore, comme souvent dans les films de genre. La photographie n’est pas en reste non plus. On voit toute l’expérience et la maitrise de son équipe dans ce film.

A mi-chemin entre le long métrage et le court avec une durée de 62 minutes, cette fable cauchemardesque va à l’essentiel en évitant des longueurs superflues. Un reproche souvent formulé à l’égard des films de genre par les afficionados qui ne pourra pas l’être l’encontre de Logger. Pour l’anecdote, lorsqu’il avait 10 ans, Steffen Geypens a reçu de ses grands-parents un grand livre ancien des fables de La Fontaine. Ce dernier était en flamand ancien incompréhensible par la nouvelle génération. Résigné à ne pouvoir le lire, il en admirait les dessins de Gustave Doré. Parmi ces images, il y en avait une qui l’a marqué plus que les autres, il s’agit de celle de La mort et le bûcheron. On y voit un homme épuisé sur un lit de branches avec la mort qui vient le chercher depuis la fin fond de la forêt. Le scénario de Logger représente les cauchemars du réalisateur procurés par son imagination à la suite de son admiration pour cette illustration qui représente la seizième fable du livre 1 de Jean de la Fontaine.

Jurgen Delnaet qui a reçu le rôle du « bûcheron » a déjà collaboré avec Steffen Geypens dans Silent Campin (2018) tandis que « La mort », tout en blanc dans Logger, est jouée par Mona Lahousse, l’actrice principale de Bos (2019). Tous les comédiens ont travaillé gratuitement sur ce projet réalisé sur fonds propres. Il n’est pas destiné au grand public, mais plutôt à un public passionné qui aime les approches poétiques du film de genre. La bande son de ce film étrange et troublant a été entièrement réalisée par le groupe flamand de punk et métal RaketKanon. Les images sont très belles et l’atmosphère adoptée confère un style féérique au récit horrifique.

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