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Maman fait dodo de Solenn Crozon

Publié le 16/05/2023 par Quentin Moyon / Catégorie: Critique

Que peut bien faire une enfant laissée à elle-même au cœur d’un appartement ? Pendant que maman dort, une jeune fille incarnée avec brio par Théa De Boeck passe le temps. Multipliant les bêtises, regardant la télé, dessinant sur les murs ou dégustant avidement des chocolats, Théa attend impatiemment que sa maman émerge de son sommeil, à la suite d’une soirée qui semble avoir été bien arrosée.

Maman fait dodo de Solenn Crozon

Mais ce sommeil est bien plus profond que prévu, nous faisant ressentir une profonde angoisse quant à ce qu’il en est de la santé de la mère… et par ricochet, de l’avenir de cette petite fille.

Car de la mère on ne saura finalement rien et la caméra n’a véritablement d’yeux que pour Théa. Évoluant à hauteur d’enfant, en gros plan pour se concentrer sur l’intériorité de la petite fille, la caméra est toujours à l’épaule, instable. Une façon d’insister sur la fébrilité de la petite fille dont la vie est sans aucun doute en train de basculer.

La puissance du film réside aussi dans son changement de ton progressif. S’ouvrant sur l’amusement et la liberté de la découverte au travers des yeux d’enfant de cet appartement vide, terrain de jeux quasi illimité. Le film bascule bientôt dans une oppressante atmosphère, la chambre devenant ce lieu interdit, mystérieux, et évidemment crucial.

La réalisatrice Solenn Crozon clôture avec brio son film par un dernier plan en drone. Un zoom arrière prolongé qui, pour la première fois, nous sort de l’appartement pour reprendre notre souffle. Mais surtout nous offre une image stabilisée et en plan large, comme pour nous rappeler que ce drame, inspiré d’un fait divers comme il y en a (trop) souvent, ne se joue que dans les quatre murs de l’appartement et que la vie en dehors de cet appartement continue, sereine.

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