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Mr Nobody de Jaco Van Dormael

Publié le 12/01/2010 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Critique

Le Hasard et la nécessité

 

Mr Nobody va en laisser perplexe plus d'un. Et pas qu'un peu. Bien que la quête de l'immortalité ne soit pas neuve dans l'humanité. Tous les mythes et les religions s'y référent. Ce qui est neuf c'est que la science, lorsqu'elle s'empare de la logique, à partir de la Renaissance, crée une raison débarrassée des certitudes religieuses (genre la terre est plate). La science élabore une physique et une biologie qui proclament l'allongement de la vie et y parvient (la mort en 40 ans au XVème siècle et à 80 au XXIème siècle). Nous ne savons pas ou va nous mener la modélisation de la biotechnologie. Vers l'éternité? En tout cas Monsieur Nobody, quant à lui, à déjà un âge plus important que Manoel de Oliveira!

Mr Nobody de Jaco Van Dormael

 

Le film démarre sur Nemo adulte (en voix off) qui nous parle d'un pigeon, dans la cage d'un laboratoire, soumis au bon vieux réflexe de Pavlov. Ensuite nous allons passer sur Nemo, la nuit, dans une chambre d'hôpital, vieil homme devenu, se dirigeant, dans l'obscurité, vers le lavabo, allumant la lumière et découvrant son visage vieilli dans le miroir. Flash-backs sur Nemo jeune. Nous sommes partis pour plus de deux heures dans le monde de Jaco Van Dormael avec des plans éblouissant (du très gros plan au pan large), et à toute allure, dans une modélisation singulière du temps.

Un temps circulaire, hanté par la fluidité de nos souvenirs où la vie jaillit dans un présent et un passé qui co-existent et non pas dans une ratio chronologique.

Une ou des histoires d'amour naviguant dans les vaisseaux de souvenirs de Nemo, avec de logiques qui s'entrecroisent, éclatent ou se mélangent dans une causalité aléatoire qui nous ravit, comme spectateurs en nous faisant osciller dans un autre monde où le passé ne succède pas au présent mais lui est contemporain.

Et si Mr Nobody, un film à voir mais surtout à revoir, était une autre réponse à l'imminence du cinéma en relief (la 3D) que les studios américains nous annonce, si Mr Nobody, donc, en jouant davantage sur des récits plus éclatés , dilués était une réponse au changement de l'image du cinéma stéréoscopique? Cette picturalité du monde de Jaco Van Dormael, associant les images et les idées (un montage au tempo époustouflant) est plus proche de l'art contemporain que ce que nous propose la troisième dimension.

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