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Jaco Van Dormael

Jaco Van Dormael

Métier : Réalisateur

Ville : Bruxelles

Province : Bruxelles-Capitale

Pays : Belgique

Email : Cliquez ici

Date de naissance 09/02/1957

Galerie photos

Filmographie

Isolation

Isolation

Réalisateur(-trice)
documentaire
2021
 
Mon ange (Harry Cleven)

Mon ange (Harry Cleven)

Producteur(-trice)
fiction
2017
 
Le Tout Nouveau Testament

Le Tout Nouveau Testament

Réalisateur(-trice)
fiction
2015
 
Mr Nobody

Mr Nobody

Réalisateur(-trice)
fiction
2007
 
Pourquoi se marier le jour de la fin du monde?

Pourquoi se marier le jour de la fin du monde?

Comédien(ne)
fiction
1999
 
Le Huitième jour

Le Huitième jour

Réalisateur(-trice)
fiction
1996
 
Le Baiser

Le Baiser

Réalisateur(-trice)
fiction
1995
 
Toto le héros

Toto le héros

Réalisateur(-trice)
fiction
1990
 
De Boot

De Boot

Réalisateur(-trice)
fiction
1985
 
E pericoloso sporgersi

E pericoloso sporgersi

Réalisateur(-trice)
fiction
1984
 
L'Imitateur

L'Imitateur

Réalisateur(-trice)
documentaire
1982
 
Les Voisins

Les Voisins

Réalisateur(-trice)
documentaire
1981
 
Maedeli-la-brèche

Maedeli-la-brèche

Réalisateur(-trice)
fiction
1980
 

Réalisateur
2010
Eole (CM)
2006
La ceinture (CM)
1996 Lumière sur un massacre – L'usine (1996) (TV court)
1995
Lumière et compagnie (documentaire)

Bibliographie
Mr. Nobody
, Paris, Éditions Stock, 2009, 264p.

Fiche wikipedia


Organismes liés à cette personne

Le déclic...

Filmer les animaux

Le premier film que j'ai vu était Bambi. Je ne me souviens plus de l'âge que je devais avoir mais j'ai été terrifié par des espèces de grandes formes colorées qui se mouvaient sur l'écran et criaient très fort. J'en ai gardé un souvenir cauchemardesque.

Au début des années 60, j'habitais en Allemagne (j'y suis resté jusqu'à mes sept ans), je regardais la télé, en noir et blanc. Je me souviens que ma mère m'expliquait le champ, contrechamp parce que je ne comprenais pas très bien ce que je voyais; pourquoi les images s'enchaînaient les unes à la suite des autres, où étaient les gens et même ce qui se passait vraiment. Elle m'expliquait: "Tu vois, on voit les yeux du monsieur, puis on voit ce qu'il voit". Et tout à coup les choses prenaient sens. Mais le moment que j'attendais avec impatience, toute la semaine, c'était la diffusion, le samedi soir, du Jardin extraordinaire.

Je n'avais qu'un désir, filmer les animaux, devenir cinéaste animalier. J'ai commencé avec un appareil photographique que j'avais trouvé dans la cave. Je partais à quatre heures du matin, un filet de camouflage sur la tête pour saisir, les jours de chance, un ou deux merles qui à l'arrivée s'avéraient flous. Puis j'ai voulu devenir cameraman pour filmer la reproduction des escargots, des éléphants et des lions en Afrique.

Je me suis inscrit à Vaugirard pour apprendre le métier. J'y suis resté un an tout en faisant du théâtre en même temps. J'ai mêlé mes envies de travailler avec des comédiens avec ce que je pensais vouloir faire en tant que cameraman animalier et j'ai filmé ces drôles d'animaux que sont les comédiens. Ce qui n'est pas plus facile. Pendant mes études à l'INSAS, j'allais pas mal au cinéma. Les choses qui m'attirent le plus sont les choses qui m'échappent. Je ne comprends rien au Miroir de Tarkovski et je suis fasciné. Je l'ai vu une dizaine de fois. Je ne sais pas comment ça marche et c'est ce qui me fascine. J'aime les films ratés. Ils sont plus riches d'enseignement que les autres. Il y a des erreurs qui sont indispensables au cinéma. Souvent, c'est le cas des grands cinéastes et c'est ce qui fait leur particularité et leur donne un style. Quelqu'un qui croit que le film lui échappe au montage fera des plans-séquences en se disant qu'il contrôle son film au tournage. Quelqu'un qui comme moi a peur de sa mémoire temporelle, qui craint qu'un plan tourné maintenant ne soit pas raccord avec celui qu'on a tourné deux mois plus tôt, va se sécuriser en sachant qu'il va pouvoir se rattraper au montage, en multipliant les plans d'une séquence. Le style de chaque cinéaste c'est son incompétence. Ce sont les erreurs qu'il perpétue de film en film mais qui, loin d'être gênantes, sont belles, tout comme un visage. Un beau visage, c'est un visage avec ses imperfections. Sans cela, c'est vide, désincarné, ce n'est pas humain.

Ce que j'aime au cinéma, c'est pouvoir oublier que c'est un film, voir des gens et vivre des choses avec eux. J'aime que la caméra soit invisible, qu'on ne la voit pas, qu'on croit à la réalité des choses montrées. J'aime les films qui renvoient à la vie avec ses contradictions, ses incompréhensions, ses difficultés. Même si on ne comprend pas, on est content d'être vivant.

Jaco Van Dormael