Nuit de noces d'Olga Baillif
Pendant que tout le monde admire la robe de mariée de sa soeur, Virginie, 15 ans, boude. D'ordinaire, c'est elle, la princesse, le centre du monde, l'objet de toutes les attentions et de tous les regards. Alors Virginie (Louise Szpindel, tout en nuances et en mystère) se rebelle, joue la grande et entraîne sa copine Patricia loin de la fête, à fumer des cigarettes sans doute volées au vestiaire, ou à se maquiller dans le rétroviseur de la voiture d'un invité, empruntée sur le parking. C'est vrai qu'elle est jolie et qu'elle fait plus que son âge, mais dans l'arrière-boutique de l'épicerie de nuit, où elle croise et décroise les jambes, c'est Patricia, cette fois, plus timide et dont elle ferait bien parfois son faire-valoir, qui lui vole la vedette: on le sent, il suffirait de peu, qu'ils se retrouvent seuls par exemple, pour que le gentil garçon détourné de son boulot et qui finit par se saoûler aussi, l'invite à danser.
Décidément rien ne se passe comme prévu, pour Virginie, et lorsqu'ivre morte, elle vascille derrière le comptoir et allume un client qu'elle seule a entendu entrer, celui-ci n'aura plus qu'à l'appeler "ma princesse" pour la lever, dehors, contre un mur, sous la pluie. Le rimel va couler, mais rien n'est dit, jamais, dans ce petit bijou, sensible et pudique, de la réalisatrice Olga Baillif, qui remue tout bas une frustration initiatique. Au pied du clocher du village, dans le sillage des nouveaux mariés, quelques joyeux lurons bien émèchés continuent à chanter la morale de Janeton: la hilette, la hilette...