Prix du meilleur court métrage belge étudiant au festival Anima 2023, Passagers de Célia Hardy est une ode à la renaissance et aux mondes étranges qui se cachent derrière les murs de la réalité. En mettant en images les habitants de ces dimensions parallèles, elle nous plonge dans son univers bizarre et captivant, au travers d’un travail impressionnant.
Passagers de Célia Hardy
Car c’est vraiment la technique qui fait tout l’intérêt de Passagers, un film “sans scénario” des dires de sa propre créatrice. Mais ce manque est amplement comblé par les expérimentations techniques multiples que la cinéaste met en place, se jouant des matières et des surfaces pour nous offrir une véritable balade visuelle à partir d’un postulat simple : que se passe-t-il lorsque nous laissons un bâtiment à l’abandon ? Dans l’imaginaire de Célia Hardy, les murs s’animent pour laisser place à des êtres à deux, quatre pattes ou plus, qui se métamorphosent au gré des matières qu’ils rencontrent. D’abord en deux dimensions, ils s’affranchissent du support de briques et de plâtre et prennent du volume, se promenant à travers les détritus et les bombes de peinture. Fourmis, humains et créatures non identifiées font leur vie dans ces espaces désormais vides. Comme des petits fantômes qui viendraient ressusciter les lieux mornes en y ramenant couleurs et sons. L’ingéniosité et la fluidité de l’animation ne peuvent que vous rendre curieux d’en voir plus. Une expérimentation des matières et des surfaces qui fera pâlir toute personne sensible au temps que représente une telle entreprise, dont on peut comprendre l’ampleur au travers des quelques plans présentés au générique. Un travail bluffant.