Passé imparfait, ou l’errance dans une Bruges-la-Morte du vingt-et-unième siècle. Alors qu’elle tente de se remettre d’une récente rupture, une jeune femme parcourt la ville déserte, sans autre point d’accroche que celui de sa chambre d’hôtel.
Passé imparfait de Aulona Fetahaj
Récit de la perte d’hier, personnage en perdition aujourd’hui, angoisse du futur, Aulona Fetahaj mélange les instants dans ce court-métrage où l’on détricote difficilement le présent du passé. L’un comme l’autre semblant quoi qu’il en soit défectueux, tant le manque est encore palpable.
La jeune femme est seule, désespérément seule. Malgré les bouées que lui jettent amies et rencontres d’un jour, elle ne parvient pas à sortir la tête de l’eau. Les quelques conversations avec son ancienne âme sœur la tirant inexorablement vers l’abysse.
Pour traduire ces vagues à l’âme, la réalisatrice use sans abuser des nouvelles images. Elle évite avec brio le côté kitsch de l’échange textuel entre la jeune femme et son ex, et transforme l’appel téléphonique avec son amie - moment privilégie de l’intimité et fenêtre sur la psyché du personnage - en élément de décor mineur. Par cette petite incursion de la visioconférence sur smartphone, elle souligne la distance prise par la protagoniste vis à vis du discours éculé ressassé par sa confidente. Cette dernière ne peut lui être d’aucune aide, c’est à la jeune femme de combler cette absence.
Un vide qui hante les images, peuplé de miroirs renvoyant à la protagoniste cette moitié d’elle-même qu’elle peine à retrouver, et qui, pourtant, l’accompagne sans cesse. Une plaie qu’aucune évasion, aucune fuite ne pourra guérir.
Et le film de se conclure sans réel dénouement, nous rappelant simplement qu’il n’y a que le temps pour panser ce genre de blessures.